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IV] Conclusion

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Aujourd’hui, la commercialisation alimentaire en circuits courts constitue une alternative pour les petits, qui visent à mieux valoriser leur production et à survivre dans un système productiviste qui a déstructuré les espaces ruraux et menace de plus en plus le maintien d’une agriculture territoriale. Au cours de cette étude, on a vu comment une dynamique visant à construire un projet de commercialisation en circuit courts alimentaires est apparue dans un territoire jugé favorable au développement de tels projets. Certaines tendances identifiées à partir du schéma de cohérence territorial et la réalisation d’un bref diagnostic de l’offre en circuits courts, nous ont aidés à comprendre différentes dynamiques d’actions présentes sur le territoire ainsi que plusieurs opportunités bénéfiques pour la prise de décision sur la mise en marche d’une action collective.

Plus précisément, au coeur de notre étude, on a analysé l’existence de plusieurs facteurs qui ont favorisé l’apparition du groupe de producteurs associés sur le Pays Haut Val de Sèvre. En effet, que ce groupe a bénéficié d’une certaine proximité géographique caractérisée par des relations de voisinage ou des relations construites sur un même lieu de travail comme sur les marchés par exemple. Ce type de proximité recherchée, et donc mobilisée, leur a permis de communiquer et partager des idées autour d’un même projet consistant à commercialiser leurs produits en commun et aboutir à la création d’un point de vente collectif.

Cependant, la commercialisation collective en circuits courts correspond à une dynamique assez complexe. Elle nécessite d’une proximité organisée, correspondant à la distance relationnelle entre acteurs et qui doit se construire en s’articulant à la proximité géographique déjà existante pour assurer de cette manière, la qualité de l’organisation et de l’aspect relationnel à long terme au sein du groupe des producteurs.

On démontré en effet dans notre étude, l’existence d’inégalités entre les producteurs du groupe, quant à la taille d’atelier en circuits courts, aux volumes de production et a l’expérience dans ce mode de commercialisation. Et ceci provoque sans doute une forte disparité par rapport à leurs motivations, attentes et niveaux d’engagement dans le projet collectif. Pour certains producteurs du groupe, il a été souligné une prédominance claire d’intérêts économiques individuels.

De même, l’idée que ces inégalités ont une influence claire vis-à-vis des faibles niveaux de relations de réciprocité entre producteurs mais aussi sur le manque de relations favorables au renforcement de liens de similitude et d’appartenance. Ceci, non seulement, pénalise la satisfaction par rapport au groupe constitué, mais aussi, la construction de scénarios de confiance favorables à la coopération. C’est ainsi qu’a travers l’identification des faiblesses au sein du groupe des producteurs à partir d’une analyse de réseaux sociaux et du calcul de l’Indice Socio relationnel, on a démontré sur un plan factoriel l’état éloigné du groupe par rapport à la construction de la proximité organisée. Le manque de cet élément peut arriver à bloquer tout projet et dynamique collective d’action créée par des acteurs. En ce sens, le travail de coordination du groupe doit se concentrer et consacrer des efforts sur une évolution des motivations individuelles vers des intérêts et des motivations collectives notamment à travers la construction d’une logique de complémentarité entre acteurs, fondée sur des pratiques réciproques et de solidarité en allant des producteurs consolidés vers des producteurs encore vulnérables dans ce domaine.

Il est indispensable d’abord dépasser ces inégalités puisque seulement à ce stade-là, l’adaptation aux marchés porteurs et la compréhension de la structure de la demande pourrait être envisagée par le groupe. Contrairement aux idées de certains producteurs sur la faible utilité de l’aspect relationnel entre eux pour commercialiser, l’existence des bons niveaux d’organisation au sein du groupe, est indispensable pour satisfaire les différentes demandes et besoins exigeants des consommateurs. La commercialisation en circuits courts ne peut pas être abordée uniquement sous un angle économique, elle constitue une dynamique allant au-delà d’une simple relation marchande puisqu’elle nécessite une régulation par la réciprocité ou les consommateurs seraient à la recherche du contact humain afin de diminuer leur incertitude et construire une relation à long terme.

De même, pour s’adapter aux marchés porteurs, il est indispensable de privilégier le côté humain de l’échange mais aussi de rester compétitifs sur le marché des circuits courts. Pour cela, il est aussi important de favoriser des démarches collaboratives et de coopération dans la mise en marche de processus d’innovation. La cohérence au sein du groupe et la structuration forte de réseaux sociaux restera encore une fois, prioritaire.

D’après nos résultats et analyses, il est clair que construire une stratégie innovante pour commercialiser collectivement en circuits courts, veut dire d’abord attaquer les problèmes d’organisation interne pour ensuite s’attarder sur les problèmes et défis externes. La seule volonté de produire pour améliorer le bénéfice économique, ne va par leur permettre de tenir longtemps. Seule l’acquisition de capacités de concertation et de coordination autour des mêmes objectifs par le groupe permettra d’influencer positivement la transformation de l’organisation territoriale de la distribution alimentaire et de devenir un réfèrent de la commercialisation en circuits courts à long terme sur ce territoire.

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