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INTRODUCTION

ADIAL

La pauvreté croissante dans les pays en voie de développement économique, observée
après la fin de la seconde guerre mondiale, notamment à la suite du mouvement de
décolonisation, a profondément accentué le fossé entre ces pays en voie de développement et
les pays développés. Devant la perspective de voir apparaître une fracture de plus en plus
grande entre les pays économiquement développés, pays dits du « Nord » et les pays en voie
de développement économique, pays dits du « Sud », est apparue rapidement la nécessité de
trouver des réponses crédibles à cette situation. En effet, les politiques d’aide au
développement de l’époque n’avaient qu’un effet très limité et ne jugulaient en rien la
pauvreté dans des pays qui étaient économiquement structurés, découpés et organisés avant
tout en fonction des besoins coloniaux, c’est-à-dire fondamentalement tournés vers
l’exportation. Il était donc impératif de mettre fin à l’accroissement de la pauvreté en
permettant notamment d’opérer une mutation du tissu économique vers une économie plus diversifiée et tournée vers la création de richesses.

Face à des États souvent désorganisés et aux marges de manoeuvre très limitées – par conséquent peu à même de faire face à cette situation – et devant l’impossibilité de transposer les mécanismes existants dans les pays développés du fait de leur caractère le plus souvent inadapté à la situation économique des pays en voie de développement, il a donc fallu mettre
en place des solutions nouvelles. Ces solutions sont apparues à la suite d’initiatives diverses et
parmi elles, une création majeure a fait son apparition, la micro-finance1 et à travers elle, plus
particulièrement le micro-crédit2, c’est-à-dire le prêt de petites sommes destinées à financer
tout ou partie d’un projet générateur de richesses.

Ce nouveau mécanisme est apparu au début des années 1970 dans les pays en voie de
développement notamment en Colombie en 1971 avec l’Opportunity International puis au
Brésil en 1973 avec une ONG, Accion International. Mais, c’est à partir de 1974, au
Bangladesh, sous l’impulsion du Professeur d’économie Muhammad YUNUS, que le micro-crédit
va progressivement prendre une place fondamentale dans la lutte contre la pauvreté. En effet, le Professeur YUNUS
mis progressivement en place dans son pays des expérimentations de microcrédit au niveau local dont la réussite
l’amena à créer en 1983 la GRAMEEN BANK, spécialisée dans ce type de prêts.
Le terme micro-crédit recouvre un grand nombre de produits différents. Dans sa forme
la plus courante, il s’agit d’un prêt d’une faible somme d’argent, octroyé soit à une personne à
titre individuel, soit à un groupe d’individus. Dans le cas d’un prêt individuel, l’emprunteur
s’engage seul à rembourser le prêt dans des délais variables. Dans le cas d’un prêt accordé à
un groupe, tous ses membres s’engagent solidairement à rembourser, cette solidarité
permettant de limiter les risques de défaut de paiement du fait de la pression du groupe sur
chaque membre pour qu’il satisfasse à son obligation de rembourser. C’est la forme du microcrédit
à un groupe qui avait été retenue lors la création de la Grameen Bank. Le premier prêt
accordé par cet établissement ne pouvait dépasser la valeur 1000 francs français de l’époque
(152,44 euros). Aujourd’hui, le montant moyen d’un micro-crédit en Asie ou en Afrique est
d’environ 300€, mais ce montant peut tomber jusqu’à quelques euros, selon les besoins du
bénéficiaire.
Un exemple cité par Maria NOWAK dans son ouvrage On ne prête (PAS) qu’aux
riches, La révolution du micro-crédit3 permet de percevoir plus aisément la réalité courante
des besoins des bénéficiaires du micro-crédit. Au cours de l’un de ses voyages en Afrique,
insuffisante et parce que les coûts de gestion de tels prêts sont jugés trop élevés. Ces prêts leur permettent de
créer ou de développer des micro-entreprises ou des activités génératrices de revenu.

Madame NOWAK rencontra dans la rue un individu qui insista pour lui brosser ses
chaussures, jusqu’à ce qu’elle accepte. Elle en profita pour se renseigner sur sa condition.
L’individu lui déclara que sur l’argent qu’elle allait lui donner, il devait en donner la moitié à
son patron, qui n’était autre que le propriétaire de la brosse. On imagine dès lors aisément
quel impact pourrait avoir un micro-crédit de quelques euros sur le niveau de vie de cet
individu, qui une fois propriétaire de son outil de travail doublerait purement et simplement
ses revenus. Le micro-crédit consiste donc le plus souvent dans les pays en voie de
développement dans l’achat d’un outil ou d’objets de faible valeur, mais indispensables à
l’exercice de leur activité. Ces exemples rejoignent les études sociologiques qui avancent
l’idée que les populations pauvres ne « s’appartiennent pas » car elles sont trop dépendantes
des autres. Ces prêts leur permettraient alors de « s’appartenir » et de leur permettre de
prendre réellement en main leur destin.
Par rapport à un prêt classique, le micro-crédit se caractérise par un taux d’intérêt très
élevé, généralement aux environs de 20%, jusqu’à plus de 100% dans certains pays en voie de
développement. Ce taux extrêmement élevé s’explique entre autres par le surcoût engendré
par le risque d’insolvabilité et par le surcoût de la gestion des dossiers.
Grâce à l’octroi de prêt à des populations pauvres, mais non pour autant dénuées de
savoir faire, le micro-crédit a été un puissant facteur de développement économique dans les
pays en voie de développement. Il a servi à financer des activités très diverses comme le petit
commerce, la pêche, l’élevage, l’artisanat, l’agriculture, le transport… Ainsi, grâce à ces prêts,
une grande majorité des populations bénéficiaires a pu franchir le seuil de pauvreté et donc s’élever
économiquement mais aussi socialement, en sortant de l’exclusion. C’est le cas notamment en Asie,
où des pays autrefois en marge de la compétition économique mondiale, sont aujourd’hui de plus en
plus attractifs économiquement.

Le micro-crédit a également été un puissant facteur d’émancipation des femmes, dans
des pays où, pour autant, elles ne sont pas toujours considérées comme l’égal de l’homme.
Ainsi, 95% des bénéficiaires de micro-crédits de la Grameen Bank sont des femmes. Cette
situation s’explique selon le Professeur YUNUS par le fait que « Les femmes, au Bangladesh
comme partout ailleurs, ont le profil idéal pour ce type de prêt. En effet, elles sont capables
avec un petit budget d’améliorer leur condition de vie familiale et font beaucoup de choses
avec presque rien tout en prévoyant l’avenir4 ». Cette situation leur a entre autre permis de
s’affranchir de certains diktats religieux qui minimisaient leur rôle.
Eu égard à son action de création et de développement du micro-crédit, qui a
grandement favorisé le développement économique des pays les plus pauvres, le Professeur
YUNUS s’est vu attribuer le prix Nobel de la paix 2006. La reconnaissance internationale du
micro-crédit était déjà bien avancée, notamment grâce à sa prise en considération par l’ONU
qui avait déclaré l’année 2005 « année du micro-crédit ».
Il faut également souligner le caractère atypique du micro-crédit au regard des théories
économiques. En effet, ce mécanisme est à la fois empreint de concepts libéraux tels le prêt à
intérêt ou l’entrepreneuriat, mais propulse en même temps en désuétude le véritable dogme de
l’économie de marché selon lequel on ne prête pas à des populations trop pauvres, eu égard au
risque d’insolvabilité de celles-ci, considéré comme trop important et aux trop faibles
montants empruntés. Le micro-crédit marque ainsi la rupture de la frontière, d’ailleurs
purement intellectuelle entre l’économique et le social et avec bon nombre de préjugés et
d’idées reçues.
Au final, le mécanisme s’avère très adapté à la situation des pays en voie de
développement, à tous points de vue. Tout d’abord, il offre une chance aux individus
disposant de faibles ressources de pouvoir augmenter leurs revenus,
faire vivre leur famille, et retrouver une place dans la société en
créant leur activité. La création d’activité est ainsi un facteur
important en faveur de la scolarisation, puisque aujourd’hui 100%
des enfants des personnes ayant obtenu un prêt de la Grameen Bank
vont à l’école, même ceux venant de familles analphabètes, et la majorité d’entre eux peuvent
même accéder à l’université.

Pour les organismes de prêt, le micro-crédit leur amène un segment de clientèle dans
lequel le taux de remboursement dépasse les 90%, ce qui est nettement supérieur au taux de
remboursement des prêts classiques.
Enfin, pour l’État, ce mécanisme permet, sans intervenir directement et sans avoir à
financer de bien trop coûteuses politiques d’aide sociale, de voir le niveau de vie de sa
population s’élever, ses recettes fiscales augmenter et son tissu économique s’organiser et se
densifier, ce qui dynamise fortement la croissance et par là même le développement du pays.
Au vu de ce constat, le véritable « cercle vertueux » du micro-crédit ne pouvait laisser
indifférent dans les pays développés. En effet, eux aussi venaient à connaître des difficultés
économiques. Ainsi à partir de la fin des années 1970 et la fin de la période économique dite
des « trente glorieuses », les pays développés ont vu leur bien être économique de plus en plus
ébranlé par le développement d’un chômage de masse et l’augmentation croissante de la
précarité et de l’exclusion. L’échec des politiques étatiques engagées pour juguler cette
situation a progressivement amené les pays développés à se tourner, eux aussi, vers le microcrédit.
En effet, il était nécessaire de sortir de l’idée selon laquelle pour obtenir un emploi, il
fallait avant tout « subir » et s’en remettre à l’action de l’État, pour aller vers une conception
plus « active », où l’individu doit prendre lui seul en main son destin et agir, en créant son
emploi.

C’est à partir de la fin des années 80 que les premiers programmes de micro-finance
voient le jour en Europe de l’ouest, en Grande Bretagne et en France. En effet, malgré un
réseau bancaire dense et très développé, un certain nombre d’individus n’avaient pas accès au
crédit dans les pays occidentaux5. Le micro-crédit s’est développé dans ces pays sans soutien
particulier, et a pris des formes diverses comme un partenariat entre des associations et des
banques en France, ou la création d’une institution financière publique en Finlande.
Le micro-crédit s’est également rapidement développé en Europe de l’Est6 après la
chute du communisme, où il a été un moyen utile à la création et au développement rapide
d’activités créatrices de richesses.

En effet, juste après la chute du mur de Berlin, le système bancaire de ces pays, totalement inadapté à l’économie de
marché, était dans l’incapacité de fournir de tels services. De nos jours, le micro-crédit y est
toujours un secteur très dynamique et en expansion. Le montant moyen d’un micro-crédit en
Europe de l’est est légèrement supérieur à mille euros.
Même si le nombre de candidats potentiels au micro-crédit est bien plus limité en
Europe que dans les pays en voie de développement, il
s’y développe aujourd’hui rapidement. Ainsi, le marché
Européen du micro-crédit peut être estimé au minimum à
11 millions de clients en situation de créer leur emploi
grâce à l’octroi d’un tel prêt, clients souhaitant
principalement s’insérer dans l’économie locale du
commerce et des services. La croissance du nombre de
prêts accordés en Europe est très rapide, entre 25 et 100% par an en Europe de l’ouest. Ces
prêts servent principalement à créer des activités pour lesquelles il n’est pas nécessaire de
disposer d’énormément de capitaux ni de stock. Ils permettent d’acheter ce qui est nécessaire
pour démarrer l’activité. Nous pouvons citer pour exemple la création d’un vidéo club, l’achat
du matériel nécessaire pour devenir esthéticienne, formateur informatique ou encore vendeur
ambulant sur les marchés.
Grâce aux atouts que nous venons d’évoquer, le micro-crédit est désormais vu, dans de
nombreux pays européens, comme une suite et un moyen de parfaire la politique sociale du
pays. C’est notamment le cas du gouvernement français qui y a consacré un chapitre dans son
plan de cohésion sociale, voté en 2005. La France est en effet l’un des pays d’Europe où le
micro-crédit est le plus développé en nombre et en volume de prêts. La France bénéficie
également de réseaux d’aide à la création d’entreprise relativement développés, certains de
ces réseaux distribuant même du micro-crédit, à l’image de l’Adie (Association pour le droit à
l’initiative économique).
Ainsi, la formule du micro crédit a aujourd’hui vocation à s’appliquer à toutes les
régions de la planète. Dans les pays économiquement développés, il s’annonce aujourd’hui
comme un des moyens de lutte efficace contre l’exclusion, la précarité et le chômage, grâce
aux emplois que créent les entrepreneurs disposant de faibles revenus. Dans les pays en voie
de développement économique, c’est un moyen de lutte actif contre la pauvreté de masse, et
un outil de progression sociale. De plus, le micro-crédit est socialement inattaquable puisque,
comme le souligne Maria NOWAK « l’intérêt du micro-crédit est qu’il ouvre l’accès au
capital à des millions de gens, sans remettre en cause la distribution actuelle de la richesse et
donc sans provoquer l’opposition des nantis7. » Ainsi, le micro-crédit se développe fortement,
comme nous le montre le graphique ci-dessous.
Cependant, les femmes et les hommes à qui le micro crédit a permis de créer leur
activité restent, du fait du bas niveau de leurs revenus, très vulnérables en cas d’accident ou
d’évènement les atteignant eux ou leur activité. Le Professeur YUNUS avait en effet constaté
que fréquemment les individus qui ne pouvaient rembourser leur micro-crédit étaient dans
cette situation suite aux aléas météorologiques ou à une maladie. Par conséquent, il fallait
donc encore trouver d’autres moyens pour « sécuriser » le parcours professionnel et personnel
de ces individus et préserver la pérennité de leur entreprise.
Logiquement, comme dans tout parcours entrepreneurial, l’assurance apparaît comme
le moyen, la réponse la plus appropriée pour apporter de la sécurité dont a besoin le créateur
disposant d’un faible revenu. Elle viendrait dès lors parfaire le dispositif de développement et
d’émancipation mis en place avec le micro-crédit.
En effet, grâce à son rôle de protection, l’assurance atténue l’effet paralysant que peut
avoir le risque sur l’initiative entrepreneuriale, et vise aussi à assurer la protection des acquis
des efforts antérieurs, pour éviter qu’un accident de la vie ou un sinistre soit synonyme de
retour en arrière et anéantisse les efforts réalisés. C’est pourquoi depuis une vingtaine
d’années, la micro-assurance8 s’est développée dans les pays en voie de développement, en
complément du micro-crédit.
La première initiative de micro-assurance est née sur le continent africain, à Bamako
en 1987, dans le domaine de l’assurance santé, dans un cadre non commercial. En effet, à la
suite de l’échec des politiques de santé gratuite mises en place en Afrique dans les années 80,
il est apparu que les systèmes classiques, basés notamment sur un rôle prépondérant de l’État,
étaient en situation d’échec. Ainsi, il fut mis en place une nouvelle politique de santé basée
d’une part sur l’aide de bailleurs de fonds, d’ONG et une participation financière des usagers ;
et d’autre part sur l’implication des communautés et des groupes d’individus dans la gestion,
le choix et le contrôle de l’offre de soins.
Le second secteur qui a vu naître la micro-assurance est celui de l’assurance vie, avec
l’assureur Delta Life, au Bangladesh, animé cette fois-ci d’une visée bel et bien commerciale.
Après s’être, comme tout assureur traditionnel, tourné uniquement vers les classes moyennes
et supérieures du pays, Delta Life va vite prendre en compte l’intérêt qu’il pouvait avoir à
proposer des produits aux populations à faibles revenus, à la lumière notamment de
l’expérience de la Grameen Bank avec le micro-crédit. Dès lors, dès 1988, soit seulement
deux ans après sa création, Delta Life lança son premier produit de micro-assurance conçu
pour répondre aux besoins des populations rurales, qui représentaient 80% de la population du
pays et qui étaient dans leur quasi-totalité exclues des circuits d’assurance « classiques ».
Devant le succès de cette initiative, Delta Life lança un nouveau produit en 1993, destiné
quant à lui aux populations vivant dans les bidonvilles urbains.
Malgré la simplicité théorique faisant de la micro-assurance la suite logique du microcrédit,
le chemin menant dans les pays développés, les entrepreneurs disposant de faibles
ressources vers l’assurance était loin d’être tout tracé.
En effet, l’offre d’assurance « classique » faite aux entreprises, les néglige totalement.
Ils sont ainsi victimes de l’optique de création de produits visant les masses les plus
« rentables » et les plus facilement « accessibles », celles pour qui la création présente a priori
le moins de risques possibles et le plus de profit réalisable. De plus, l’outil de gestion des
assureurs « traditionnels » est inadapté à la fourniture d’assurance pour les microentrepreneurs,
ce qui entraîne, pour des primes aussi minimes, des frais de gestion très élevés.

Enfin, le cas atypique de ces créateurs de micro-entreprises était vu par beaucoup de
compagnies d’assurance comme un risque aggravé, qu’il fallait donc mieux ne pas assurer.
De ce fait, l’assurance était inadaptée et trop onéreuse pour un entrepreneur disposant
de faibles capitaux, qui se retrouvait à la marge. Or, l’assurance, surtout dans les pays du
Nord, n’est aujourd’hui plus un luxe mais une absolue nécessité, notamment au regard des
conséquences que pourraient avoir l’engagement de la responsabilité ou la destruction de son
matériel sur la vie de l’entreprise du micro-entrepreneur.
En plus de l’inadaptation des offres du marché s’ajoutait souvent une certaine
négligence ou méconnaissance du risque, couplée parfois à une méfiance de la part des
créateurs concernés envers les assureurs et à une mauvaise compréhension du mécanisme de
l’assurance, ce qui conduisait ces derniers à devoir arbitrer entre l’assurance et d’autres
dépenses.
Dans le meilleur des cas, les créateurs à faibles revenus étaient amenés à souscrire des
garanties incomplètes par manque de moyens. Les statistiques illustrent parfaitement cet état
de fait puisque aujourd’hui, un quart de ces créateurs sont sans assurance dommages, moins
de la moitié sont sans prévoyance, et trois quarts sont sans complémentaire santé.
De plus, lorsque le créateur n’est pas assuré, les expériences observées en pratique
montrent que ces individus cherchent à réagir au risque seulement une fois celui-ci réalisé,
souvent par l’auto-assurance, c’est-à-dire en se faisant prêter de l’argent par des proches
(famille, amis…) ou en utilisant leur épargne ou d’autres ressources familiales pour faire face
au risque, ce qui est un facteur supplémentaire de précarisation pour ces individus déjà
fortement exposés.
Bien que certains grands assureurs occidentaux soient des acteurs déjà présents dans la
micro-assurance dans les pays en voie de développement, à l’instar d’AIG en Afrique ou en
Asie, il n’en reste pas moins que les offres de micro-assurance dans les pays développés y
sont rares.
En France, la micro-assurance est apparue très récemment. En effet, c’est seulement
en 2004 que la première initiative d’envergure relative au développement d’un produit de
micro-assurance a vu le jour, à l’initiative de Bruno ROUSSET, fondateur d’April Group.
Ainsi, Bruno ROUSSET créa en décembre 2004 l’Association de préfiguration de la
Fondation pour la micro-assurance dont la principale mission était de mettre en place une
offre tournée vers les personnes à faibles revenus souhaitant créer leur emploi, en premier lieu les chômeurs et les RMIstes.
L’idée force de ce projet était de rassembler des assureurs traditionnelsautour de la problématique de la micro-assurance, afin de répondre au défi pour la profession que représentait cette nouvelle offre.

Dès lors, il convient de déterminer en quoi consiste l’offre de micro-assurance en
France, analyser si elle est une innovation majeure aussi bien pour le secteur de l’assurance
que pour la société française et ainsi, si la micro-assurance peut réaliser une véritable synthèse
entre le nécessaire soutien à la libre entreprise et un impératif de solidarité pour ramener les
exclus dans la société et vers le travail. Notre étude prendra pour base les produits et
l’expérience de l’association Entrepreneurs de la Cité en terme de micro-assurance.
Pour ce faire, il conviendra tout d’abord de tenter de prendre la mesure de l’enjeu que
peut représenter en France l’association de l’assurance et du micro-crédit (Chapitre 1). Nous
nous attacherons ensuite à mesurer l’impact que peut avoir la micro-assurance sur les
assureurs eux-mêmes et l’engagement fort qu’elle nécessite de leur part (Chapitre 2).
Forts de cela, nous procèderons à l’analyse du parcours du candidat à la création
d’entreprise qui dispose de faibles ressources, prospect cible des offres de micro-assurance
(Chapitre 3). Ensuite, nous procèderons à l’étude des produits de la seule offre de microassurance
actuellement disponible en France9, la Trousse Première Assurance, distribuée par
Entrepreneurs de la Cité (Chapitre 4).
Enfin, nous conclurons notre étude par une réflexion sur l’avenir qui peut être celui de
la micro-assurance, au vu des différents éléments que nous aurons pu aborder (Chapitre 5).

1 Selon Sylvain ALLEMAND (auteur de La micro-finance n’est plus une utopie, éditions autrement, collection
acteurs de la société, 1ere éd 2007), la micro-finance est un terme générique utilisé pour désigner les offres de
services financiers destinés aux populations pauvres, exclues du système bancaire traditionnel, sans ressources ni
droit de propriété ; dans les pays développés, les bénéficiaires ne sont pas nécessairement exclus du système
bancaire, mais des porteurs de projet à faible revenus (chômeurs et Rmistes en France par exemple).
2 Selon sa définition internationale, le micro-crédit correspond à des prêts de faible montant destinés à des
personnes à bas revenus, généralement exclues des banques parce que leur solvabilité est considérée comme insuffisante.
3 Maria NOWAK, On ne prête (PAS) qu’aux riches, La révolution du micro-crédit, éditions Jean-Claude Lattès,
2005.
4 Professeur YUNUS in Interview association Intervida, disponible à l’adresse suivante :
http://www.adie.sn/yunus.pdf
5 En 2004, les associations de lutte contre l’exclusion estimaient qu’en France, 5 à 6 millions de personnes se
trouvaient exclues du système financier. Ce chiffre regroupe les personnes en situation de grande précarité, les
personnes ayant fait l’objet d’incident bancaire et enfin les individus à qui les banques refusent purement et
simplement tout crédit.
6 A partir de 1989, en seulement cinq à six ans, les établissements de micro-finance en Europe de l’Est, centrale
et dans les nouveaux États indépendants avaient atteint plus de 1,7 millions d’emprunteurs et 2,3 millions
d’épargnants, soit une croissance annuelle moyenne de 30%.
7 Maria NOWAK, On ne prête (PAS) qu’aux riches, La révolution du micro-crédit, éditions Jean-Claude Lattès,
2005
8 Selon Marc NABETH (Auteur du livre Micro-assurance. Défis, mise en place et commercialisation), nous
pouvons essayer de définir la micro-assurance comme une offre consistant à proposer des produits et des
services efficaces à des individus ou des groupes à faibles revenus, souvent exclus du marché traditionnel de
l’assurance (micro), via l’utilisation des pools de risques (assurance).
9 Les sociétés AXA et Macif ont annoncé la mise en place d’une autre offre de micro-assurance en partenariat
avec l’ADIE. Selon nos informations, cette offre n’est toujours pas disponible à l’heure où nous écrivons.

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