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II- COMPORTEMENTS DEVIANTS DES AGENTS A L’ENDROIT DES COMMERÇANTS

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L’opinion publique fait régulièrement des critiques d’actes déviants, à l’endroit des FDS en général dans l’exercice de leur mission. Le CeCOS ne demeure pas en marge de ces plaintes. Nous avons eu l’occasion de vérifier certains comportements marginaux des agents, à travers des témoignages reçus au cours de notre enquête. En effet, sur 150 commerçants interrogés 65 ont affirmé qu’ils fuient et se cachent des agents du CeCOS, parce que le traitement subi par ceux interpellés est empreint d’exactions. Ces actes qui dérogent aux règles de bonne conduite de l’agent de sécurité sont de diverses natures.

– Entraves à la libre circulation des commerçants et leurs marchandises

D’abord, nous avons parfois des arrestations intempestives de commerçants transportant des marchandises. Les charretiers communément appelés “wotrotigui” en langue malinké, sont des victimes régulières. Nous avons personnellement assisté à une scène dans la matinée du 1er Janvier 2008, sur l’itinéraire de l’autoroute Gare Nord-CARENA. Un équipage du CeCOS voyant les marchandises dans la charrette, a freiné brusquement devant le charretier l’obligeant à s’arrêter. Deux agents sont descendus et ont pointé les armes sur lui. Selon les commerçants, en pareille situation malgré la présentation de toutes les pièces du dédouanement, les agents refusent de les reconnaître. Ainsi, ils sont obligés, soit le charretier ou le propriétaire des marchandises à payer de l’argent aux agents. Le montant peut varier selon la quantité et la qualité des marchandises : 500F, 1 000F, 2 000F, 5 000F, 10 000 francs, voire plus.

Ensuite, certains agents arrachent quelques fois des marchandises aux commerçants pour leur propre usage. Ils visitent les vendeurs de “garba”, les vendeurs de “choucouya” ou les gérants de kiosques à café pour manger sans payer l’addition(5).

Enfin, même les petites marchandises transportées dans les sachets ou sac à main, doivent parfois subir des “taxes” de la part de certains agents. Ceuxci se positionnent dans les lieux de déchargement des marchandises, pour souvent extorquer des fonds aux commerçants. C’est le cas de l’espace appelé “les frères KOUAKOU” situé en face de l’immeuble MIRADOR. C’est ce que nous a confié M. SOUMAHORO M. Ben M’faly, Président de l’APROCACI(6) dont le siège est situé en bordure du boulevard Nangui Abrogoua.

– Fouilles et violences corporelles dans le cadre des contrôles de marchandises et d’identité

Lorsque certains agents du CeCOS contrôlent les marchandises ou l’identité du commerçant, ils s’adonnent à des fouilles corporelles. Selon les témoignages de commerçants, ils peuvent lui enlever des biens dans les poches (argent, téléphone portable) et les confisquer sans motif. Ces comportements sont fréquents la nuit, où ils entraînent l’individu dans les lieux obscurs sous les appatam. D’autres agents entraînent même le commerçant dans les bas-fonds ou les environs de la Forêt du Banco pour mieux lui soutirer ses biens. Aussi, ces comportements s’accompagnent-ils dans certaines circonstances, des violences verbales (injures) et physiques (brimades) en cas de résistance du commençant.

De plus, profitant de l’analphabétisme de certains commerçants, au cours des contrôles d’identité, les agents peuvent inventer la péremption ou l’insuffisance de leurs pièces d’identité pour leur demander de payer de l’argent.

Ou alors, ils peuvent confisquer lesdites pièces sans jamais les lui remettre. Ces pièces concernent actuellement, l’attestation d’identité ou la carte nationale d’identité de couleur verte pour les ivoiriens. Pour les non Ivoiriens, il s’agit de la carte consulaire et du certificat de résidence. Parfois, ils peuvent transporter le commerçant dans leur véhicule d’un quartier à un autre, et l’abandonner loin de son lieu de travail ou de résidence.

Il semble exister également des complicités de racket entre certains agents et des coxers, moyennant une certaine ristourne selon les informations recueillies auprès d’un commerçant(7). Les coxers dans ce cas, sont chargés d’indiquer aux agents en patrouille dans les environs des gares routières, les commerçants étrangers résidant dans les villes ou villages périphériques de la ville d’Abidjan. Ces commerçants venus faire des achats et retourner, sont appelés des “gbayés”, c’est-à-dire des nouveaux venus ou des proies faciles. Ils font l’objet de racket par les agents malgré la possession de leurs pièces d’identité.

Au vu de ce qui précède, il apparaît que de tels actes qui constituent des manquements aux droits de l’homme et un abus du port de l’uniforme militaire n’honorent pas le CeCOS. Ils suscitent dès lors, des réactions diverses de la part des commerçants. Ces réactions parfois légitimes et loin de jeter le discrédit sur l’ensemble de cette unité d’élite, doivent permettre d’attirer l’attention des FDS au souci permanent du travail bien fait.

5 Le “garba” est une semoule de manioc accompagnée de poisson frit et assaisonnée d’huile et de légumes frais. Il est généralement vendu par les Nigériens en Côte D’Ivoire. Le “choucouya” vendu également par les mêmes individus, est la viande cuite à la braise dans le jargon Ivoirien.
6 Information reçue dans l’entretien réalisé au siège de l’APROCACI le 23 Juillet 2008.
7 Témoignage d’un gérant de cabine téléphonique à Renault complexe, non loin de l’ancienne gare routière.

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