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II. Besoin ou non d’un financement alternatif – le Shadow Banking

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Pour aborder le sujet du Shadow Banking dans sa dimension globale, il est opportun de revenir aux concepts économiques fondamentaux d’intermédiation et de désintermédiation de la finance.

En effet, on parle de finance intermédiée lorsque les banques jouent un rôle d’intermédiaire entre les apporteurs de capitaux ou d’épargne et les emprunteurs, soit le rôle des banques commerciales. Comme nous l’avons vu précédemment les banques collectent les dépôts, l’épargne et les placements pour les prêter de nouveau sous forme d’avances ou de crédits aux particuliers, collectivités ou entreprises. A contrario, la finance désintermédiée s’apparente au système parallèle du Shadow Banking qui opère dans le cas ou les emprunteurs s’adressent directement aux épargnants et détenteurs de fonds. Les emprunteurs émettent alors des titres qui sont vendus soit de façon privée soit sur les marchés financiers organisés. Dans les faits, la complexité de la chaîne financière désintermédiée compte d’avantage d’intermédiaires que dans le système classique. Dès lors la présentation du rôle joué par chacun des « intermédiaires » ou acteurs et les enjeux économiques liés au Shadow Banking est nécessaire pour démystifier le sujet.

Si l’on se réfère aux statistiques, en 2011, 67.000 milliards de dollars d’actifs ont été gérés par le “shadow banking system”, soit 111 % du PIB (agrégé) des pays auxquels le CSF (Conseil de Stabilité Financière) s’est intéressé. Le système bancaire parallèle assure un quart de l’intermédiation financière et les actifs transitant par lui représentent la moitié des actifs passant par le système bancaire “classique”.

Graphique : Evolution, en milliards de dollars, des d’actifs gérés par le “shadow banking system” (source La Tribune)

Evolution, en milliards de dollars, des d'actifs gérés par le shadow banking system

D’un point de vue de la répartition géographique, les Etats-Unis sont le pays doté du plus gros système bancaire parallèle (23.000 milliards de dollars), juste devant la zone euro (22.000 milliards de dollars). Vient ensuite le Royaume-Uni (9.000 milliards de dollars). Le développement du Shadow Banking est cependant beaucoup plus rapide de ce côté-ci de l’Atlantique. Pour preuve : la part des Etats-Unis a nettement décliné ces dernières années. Le pays abritait 44 % du système bancaire parallèle en 2005. Il n’en accueille plus que 35 %. La France n’est que très peu concernée, en revanche les Pays-Bas, le Luxembourg et l’Irlande sont des zones très actives dans les activités de Shadow Banking. Thierry Varenne de chez BNP Paribas, précise que le système intermédié demeure majoritaire représentant 80% des financements en Europe, notamment auprès des petites et moyennes entreprises.

L'activité du shadow banking

Le fort engouement pour les formes de financement désintermédiées nous conduit à nous interroger sur les origines de ce système et ses enjeux économiques. Si l’on se réfère aux limites du système financier intermédié évoquées en première partie, les activités alternatives de Shadow Banking constitueraient une réponse directe à des besoins de financement bien réels. Pour Thierry Varène, de BNP Paribas(3), « on constate un déséquilibre entre le financement long à l’économie, qui atteint 19000 milliards d’euros, et l’épargne longue, qui n’en est qu’à 9 000 milliards en France. Le marché ne peut pas faire face à un tel écart ». En d’autres termes, la capacité des banques à financer l’économie étant limitée, le développement d’un système de financement parallèle s’avère nécessaire à l’économie.

Les nombreuses publications parues sur la question du Shadow Banking depuis deux ans ont permis de mieux appréhender la physionomie du Shadow Banking, ou « finance de l’ombre ». Olivier Garnier, chef économiste du groupe Société Générale fait remarquer que le terme de “shadow” qui, en français, donne une connotation péjorative d’activités « cachées ». Il déclare préférer le terme de « système bancaire parallèle ». Le Conseil de Stabilité financière américain (CSF – Financial Stability Board) se limite à définir le Shadow Banking comme « des activités d’intermédiation de crédit impliquant des entités et des activités extérieures au système financier et non régulées »(4).

Selon cette définition, le Shadow Banking n’appartient pas à une catégorie bien précise mais à des éléments connexes :

– les entités non régulées réalisant des activités proches des activités bancaires classiques soit collecte de dépôts, transformation de liquidité et de maturité, transfert de risques de crédit et recours à l’effet de levier.
– à travers des activités de financement, et quel que soit l’organisme auquel elles font appel comme le prêt/emprunt de titres, les pensions livrées (Repo) ou la titrisation.

Telles que définies, les activités de Shadow Banking jouent un rôle économique proche de celui des banques opérant des fonctions de collatéralisation et de transformation de maturité et de liquidité via la titrisation. Examinons en détail le fonctionnement de ce système parallèle et son rôle au sein de l’économie.

3 Propos de Thierry Varène, (délégué auprès du directeur général pour la grande clientèle de BNP Paribas),Table ronde sur les enjeux du développement du système bancaire parallèle, Sénat, 20/06/2012
4 «The system of credit intermediation that involves entities and activities outside the regular banking system.»

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