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I.3.1 Qu’est-ce que la LSF ?

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Développée par l’abbé de l’Epée au XVIIIe siècle, la langue des signes fut au cours de l’Histoire tantôt acceptée, ignorée, persécutée, voir interdite. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, elle ne constitue pas un code qui enfermerait les sourds dans un ghetto mais au contraire elle participe activement à leur émancipation. C’est une langue très complexe qui présente, comme toutes les langues vivantes, de nombreuses spécificités.

I.3.1.1 Une langue gestuelle

La Langue des Signes Française (LSF) a pour première particularité le fait d’être une langue visuelle et non verbale. Contrairement au langage verbal, le langage corporel (qui accompagne la parole chez les entendants) est la plupart du temps inconscient : il peut même parfois trahir la psychologie d’une personne. A ce propos, le psychanalyste français Jacques Lacan écrit : “Je parle avec mon corps, et ceci dans le savoir. Je dis donc toujours plus que je n’en sais” (Le Séminaire, 1973). Le corps a donc un pouvoir expressif beaucoup plus important que ce l’on imagine ; le visage en particulier traduit une multitude de pensées, notamment à travers le regard.

La LSF est donc un moyen de communication non verbal qui consiste à envoyer et à recevoir des messages au moyen d’expressions du visage, de postures du corps, de gestes et de bruits divers, sans passer par la parole. Cette langue est alors souvent assimilée à de la pantomime, croyant que les gestes effectués sont la description fidèle des objets qui nous entourent. En réalité il ne s’agit pas de gestes mais de signes : à la différence du geste qui s’efforce de faire comprendre quelque chose, il faut connaître le signe pour le comprendre.

En effet, si nombre de signes semblent décrire formellement le monde environnant, d’autres au contraire ne “représentent rien” concrètement. La communauté sourde explique par ailleurs que la figurabilité de certains signes n’existe que pour rendre plus aisée l’apprentissage de la LSF aux entendants par des moyens mnémotechniques.

Il s’agit véritablement d’un langage quadridimensionnel : le signeur (c’est-à-dire la personne qui signe) doit constamment situer son propre corps dans l’espace. Il devra faire se dégager chaque idée de son corps pour qu’elle prenne forme dans un espace désigné autour de lui. C’est enfin l’expression du visage qui donnera tout son sens au propos signé.

Pour autant, la LSF n’est pas dépourvue de règles ni de structure grammaticale.

I.3.1.2 Une langue française

La langue des signes possède son propre alphabet (voir ci-dessous), son vocabulaire et sa grammaire.

Alphabet manuel LSF (dactylologie)

En effet, elle n’est pas universelle et diffère selon les pays : on recense ainsi 121 langues des signes différentes dans le monde. Et il existe même, comme c’est le cas pour les langues orales, un vocabulaire spécifique à chaque région, voire chaque ville.

Cependant la construction d’une phrase en signes reste la même : c’est pourquoi deux sourds de pays différents peuvent se comprendre assez aisément, même plus aisément que deux entendants de pays différents. On peut notamment expliquer cette différence entre pays par le fait que les signes s’articulent autour de références culturelles.

La LSF n’est cependant pas une langue maternelle puisqu’environ 95% des sourds de naissance ont des parents entendants. On dit alors qu’il s’agit d’une langue “naturelle”.

Comme dans la langue française orale, il existe différents niveaux de communication, plusieurs registres et styles : poésie, philosophie, humour (et même argot, insultes et jeux de mots !)… Tout se traduit en LSF. De même que le français écrit et oral, la LSF évolue dans le temps, avec la création de nouveaux signes. Notamment en ce qui concerne les nouveautés technologiques et techniques comme l’informatique par exemple.

Pourtant, la LSF n’a été reconnue comme une vraie langue en France que très tardivement. Le 1er février 1986, entre 3000 et 5000 personnes (sourdes pour la plupart) défilaient dans les rues de Paris afin de réclamer la reconnaissance officielle de la LSF, mais ce n’est que 19 ans plus tard avec la loi du 11 février 2005 que cette officialisation aboutira réellement.

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