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Conclusion générale : l’avenir des festivals de musiques actuelles : des mutations nécessaire ?

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– Synthèse des constats du mémoire

Durant ce mémoire nous avons cherché a démontré si les festivals n’avaient qu’une simple fonction culturelle ou s’ils s’affirmaient comme des vecteurs de développements. Pour cela nous nous sommes concentrés sur les festivals des musiques actuelles, plus précisément implantés en milieu rural, afin de pouvoir analyser leurs apports aux territoires et de répondre aux questions de la décentralisation et de la démocratisation de la culture qui s’inscrivent dans les priorités des politiques culturelles françaises.

Face à l’étendu des points traités durant ce mémoire il convient de réaliser une synthèse des constats et acquis au sein de notre réflexion durant cours de cette étude.

Lors du premier chapitre nous avons introduit notre réflexion en nous basant sur l’impact des festivals en tant que vecteurs de développement au sein du milieu rural français.

Durant l’introduction, nous avons démontré que la perception du milieu rural pour les citadins est devenue positive. Nous avons expliqué cela par le fait que les ruraux français se soient ouverts sur le monde grâce aux nouveaux outils de communication et que leurs valeurs sociales inspirent le respect aux urbains.

Notre première partie se basait sur la dynamique culturelle des festivals au sein de la décentralisation et de la démocratisation de la culture. Nous avons pu constater que par leur facilité de montage ne nécessitant pas ou peu d’investissements lourds, les festivals permettent de remédier à l’absence d’équipements permanents et ainsi d’animer les communes rurales. De plus les festivals s’affirment comme une alternative pour les ruraux au monopole culturel et artistique de la ville de Paris.

Lors de la deuxième partie nous nous sommes penchés sur la dynamique sociale des festivals en faveur du développement local. Nous avons analysé les retombées publicitaires des festivals et pu constater qu’ils renforçaient indéniablement la notoriété locale par son exposition temporaire. Pouvant être ainsi qualifiés de « coup de projecteur », ils attirent les médias sur la permanence du lieu et contribuent indéniablement à la valorisation de l’image de la localité. Par la suite nous avons démontré que les festivals engendraient la création d’une forte mobilisation de la population. En assurant une forte solidarité sociale, les festivals pallient ainsi la disparition des traditions issues de l’activité agricole qui était autrefois la base de la cohésion sociale en milieu rural.

Enfin durant la dernière partie de ce chapitre nous avons étudié le paradoxe entre « ruralité » et « actualité » où nous avons pu constater les limites et les quelques faiblesses de l’espace rural « isolé ».

Les festivals de musiques actuelles peuvent tout à fait utiliser le patrimoine pour leur propre promotion mais comme nous l’avons vu cela ne sous-entend pas de baser entièrement leur projet artistique sur ce point. Ils ont la possibilité d’assimiler leur positionnement à un cadre historique ou prestigieux et de contribuer indirectement à leur valorisation grâce à l’afflux de « touristes festivaliers ». De plus ils contribuent à la valorisation du patrimoine naturel comme nous l’avons vu à travers de nombreux exemples.

Tous ces constats ont été par ailleurs confirmés durant notre étude de cas sur le festival de Jazz in Marciac qui est l’exemple de l’adaptation possible d’un projet artistique axée sur les musiques actuelles avec un cadre patrimonial. En respectant les valeurs de sa population il contribue de même à revitaliser le village de Marciac tout en lui offrant une identité locale importante. Désormais les amateurs de jazz assimilent Marciac à « un temple du jazz » alors que celui-ci était auparavant méconnu par la majorité des français.

Afin d’introduire notre deuxième chapitre basé sur l’économie des festivals et son impact sur le développement territorial et culturel, nous avons traité des termes « industrie » et « fièvre » festivalière. Le terme « industrie festivalière » s’est avéré incorrect car comme le stipule Bernard Faivre d’Arcier, ancien directeur artistique du festival d’Avignon, le spectacle vivant n’ayant précisément pas d’industrie qui le soutienne, les festivals étant toujours l’oeuvre de quelques personnes le plus souvent passionnées. En revanche l’expression « fièvre festivalière » est envisageable si l’on se base sur le fait que le mois de juillet concentre plus du quart des 2 000 manifestations organisées annuellement en France, ainsi que sur l’excitation accrue des festivaliers dont on dénombre pas moins de cinq millions de spectateurs en moyenne chaque année.

Nous avons ensuite poussée notre réflexion sur l’impact des festivals sur le développement territorial à traitant de la question des retombées économiques, où nous avons pu constater que les collectivités territoriales étaient fortement impliquées en volume et en moyenne dans le financement des festivals. Ces derniers ont une économie structurée de manière globale par 50% de subventions, 35 % de ressources propres et le reste par le mécénat.

Nous avons mentionné la question de la création d’une dynamique en matière d’emploi qui a été infirmée. En effet, il est indéniable que les festivals sont générateurs d’une certaine dynamique en termes de créations d’emplois mais à l’exception de quelques postes administratifs tous les emplois locaux sont tous non qualifiés dont le caractère saisonnier tend à renforcer leur précarité.

Malgré cela, les localités attentives aux retombées économiques ne ménagent pas leur soutien aux festivals qui représentent au moins 150 000 emplois saisonniers.

L’appellation « dynamique en termes de créations d’emplois » s’est avérée exagérée. En revanche les festivals engendrent un véritable dynamisme en ce qui concerne la mobilisation de la population locale et une forte cohésion sociale dont en démontre un fort taux de bénévolat.

Par la suite nous avons traité de l’activité des festivals contribuant au développement du tourisme local. Nous avons ainsi pu constater qu’un festival fait partie de l’offre locale de services touristiques. Son attractivité touristique s’explique par son esprit festif et la mobilisation locale qu’elle engendre. Enfin nous avons confirmé tous nos constats durant notre étude de cas sur le festival des Vieilles Charrues.

Pour conclure notre réflexion, notre troisième chapitre se basait sur la mention suivant : les festivals de musiques actuelles peuvent-ils être perçus comme un luxe ? Pour cela nous avons défini le paradoxe de l’intitulé du chapitre en nous demandant si la culture peut être réellement assimilée au luxe. Nous avons constaté que cela n’était pas logique étant donné que la culture est un moyen d’égalité sociale malgré la présence d’une certaine élite, l’opposant ainsi au terme « luxe » qui quant à lui fait référence à quelque chose de superflu et qui n’est pas vraiment nécessaire.

Partant de ce constat, nous avons ainsi essayé de démontrer durant ce chapitre que les festivals sont de véritables vecteurs de développement social et artistique. Pour cela nous avons étudié les points de vue des principaux acteurs concernés. Du point de vue des organisateurs et de la vie culturelle locale les festivals de musiques ont cette facilité d’adaptation de leur projet artistique en fonction des demandes et attentes des populations locales présentant d’énormes possibilités en termes d’actions culturelles locales. Pour les publics nous avons vu suite à une analyse de leur profil socio-économique que leurs motivations culturelles et sociales les amenant à se rendre à un festival de musiques actuelles étaient nombreuses. Nous avons pu constater que les publics sont hétérogènes par la diversité de leur rapport à l’art et que le profil d’un festivalier ne s’écarte que peu de celui d’un amateur d’art.

En conclusion de cette huitième partie, nous avons mentionné la demande toujours accrue de la part des publics envers les festivals, ainsi que les bienfaits moraux de la culture auxquels les festivals de musiques actuelles s’assimilent comme un « art de vivre ». Enfin nous avons nourri notre réflexion en étudiant les points de vue d’artistes français. Suite aux constats de nos entretiens nous avons pu constater un grand nombre d’intérêts des festivals de musiques actuelles pour les artistes. Nous avons pu étudier les retombées de la crise de l’industrie musicale qui se sont avérées moindres auprès de la question de l’importance de la production scénique. Pourtant il s’est avéré que cette dernière était bel et bien fondamentale au sein de la promotion artistique.

Pour conclure cette neuvième partie nous avons vu que les festivals démontrent un grand nombre d’initiatives quant à la promotion des jeunes artistes locaux. Ils se montrent soucieux de l’accompagnement des artistes émergents et sont des vecteurs de découvertes, sachant qu’ils peuvent faire preuve de plus de risque au sein de leur programmation que des structures permanentes.

– Réponses aux hypothèses

Cette synthèse des constats de ce mémoire nous amène à répondre à nos deux hypothèses principales.

La première hypothèse peut être confirmée. Les festivals de musiques actuelles sont de forts vecteurs de développement sur tous les points (territorial, économique, culturel, social, artistique, touristique). Ils séduisent aisément les politiques culturelles et les collectivités territoriales par le fait qu’ils soient des investissements fiables et rentables. Leur avenir ne semble pas compromis surtout si l’on se base sur la demande toujours aussi accrue des publics à leur égard.

La seconde hypothèse en revanche ne peut qu’être infirmée. L’avenir des festivals de musiques actuelles ne s’annonce pas difficile voire décroissant car ils ne sont plus considérés comme une simple fonction culturelle.

De même, le marché tend déjà vers la saturation mais il reste toujours de nombreuses possibilités pour les futurs porteurs de projets. Les politiques culturelles n’ayant toujours pas réduits toutes les inégalités au sein de leurs priorités de décentralisation et de démocratisation culturelles sur l’ensemble du territoire, ils restent encore beaucoup de localités nécessiteuses. Et même si l’on considère d’un point de vue réducteur que les festivals ne sont qu’une simple fonction culturelle, les bienfaits de la culture au sein de notre cohésion sociale sont indéniables. Les populations ont besoin de ce type de divertissement public. La culture et l’art et donc par extension les festivals contribuent à l’égalité sociale : quel que soit le niveau de vie ou la catégorie sociale d’une personne elle peut avoir accès à la culture.

Ces hypothèses étaient basées sur une problématique principale amenant à s’interroger sur l’intérêt du développement des festivals et ainsi sur leur avenir.

– Réponse à la problématique : les faiblesses constatées

Bien que nous puissions confirmer l’hypothèse selon laquelle les festivals de musiques actuelles en milieu rural ont bien plus qu’une simple fonction culturelle, nous pouvons distinguer en revanche quelques faiblesses.

Nous avons constaté que les festivals sont en proie à une certaine dépendance vis-à-vis de leurs partenaires financiers engendrant souvent une contrainte : une perte de la maîtrise de leur projet artistique. La forte contribution d’un partenaire financier créée souvent une pression sur la direction artistique.

La banalisation du terme « festival » et le marché qui tend vers la saturation par une offre indénombrable s’explique par le fait que les festivals ont vite été envisagés comme des solutions efficaces au sein de la décentralisation et de la démocratisation de la culture.

Cela amène souvent la notion d’une perte générale de la qualité des projets artistiques par les collectivités territoriales et autres subventionnaires avides de ces évènements proposant de nombreuses réponses à leurs demandes et attentes.

– Ouverture : l’avenir des festivals de musiques actuelles : des mutations nécessaire ?

Il n’y a en effet plus besoin de convaincre les politiques culturelles de l’utilité des festivals mais ce qui reste à faire c’est à les aider à préciser leur projet et de conserver le cap de leur exigence artistique comme de la formation de leur public.
Comme l’a constaté Luc Bénito dans son ouvrage en 2001, les thèmes des festivals sont de moins en moins artistiques et les concepts de moins en moins originaux.

Quelle réponse pouvant nous apporter à ce constat ?

La demande accrue de festivals par des festivaliers férus de ces évènements festifs amènent les organisateurs à perpétuellement renouveler leur projet artistique et leur programmation.

Nous pouvons amener ici l’hypothèse de l’intérêt des festivals à s’ouvrir à une pluridisciplinarité. En effet les festivals de musiques actuelles en vue de renouveler et fidéliser leurs publics se réfugiant vers les festivals de grandes renommées afin de ne pas se « perdre » au sein de l’ahurissante offre en la matière, n’ont-ils pas tout intérêt à introduire des projets d’ordres pluridisciplinaires au sein de leur programmation ? Cela leur permettrait peut être de conquérir et de satisfaire les attentes des publics tout en répondant à la question de l’innovation.

Mais pour répondre à cette question il faudrait étudier les possibilités et appréhender les comportements des publics à ce sujet-là. Les festivaliers se montreraient-ils tout aussi intéressés par un festival de musiques actuelles accroissant son projet artistique par des spectacles pluridisciplinaires au sein de sa programmation ?

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