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CONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIE

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En termes de réflexion prospective, l’adoubement d’AQMI par l’organisation d’Oussama BEN LADEN en 2007 a octroyé une nouvelle envergure à l’action des terroristes islamistes(343). Profitant du chaos en Libye, AQMI et les autres mouvements terroristes n’ont pas hésité à tirer partie de la fragilité des Etats sahéliens pour prospérer dans la région. Cette situation, conjuguée à l’absence d’un signal fort de la part de l’Etat malien a permis la résurgence d’une rébellion Touarègue puis des islamistes armés qui ont fini par contrôler tout le Nord. Mais, ils ne sont pas les seuls à avoir contribué à la grave insécurité au Nord-Mali et à l’instabilité dans le sahel et en Afrique du Nord(344). Comme le souligne Mehdi TAJE, « les puissances étrangères ont quelque part intérêt à diaboliser la situation sécuritaire au sahel »(345).

Sans nier l’existence de quelques éléments se réclamant du terrorisme djihadiste, la focalisation par les occidentaux sur le sahel représenté comme une sorte de « nouvelle zone tribale à la Pakistanaise » d’où pourraient provenir de lourdes menaces, n’est pas dépourvues d’arrières pensées(346). Les pays du sahel sont dotés de ressources naturelles, parmi lesquelles les substances minérales et les ressources foncières sont les plus convoités(347). Il est évident que la crise économique et la course pour les réserves énergétiques sont en train de dessiner un nouveau rapport sur la scène mondial qui ne pouvait pas ne pas toucher les pays du sahel, y compris le Mali(348).

Dans ce contexte fortement incertain, trois types de défis affectent l’espace sahélo-Saharien et rendent compte des liens étroits entre sécurité, gouvernance et développement. Pour faire face aux menaces extrémistes, les dirigeants africains devraient adoptés une démarche nuancée qui prenne en compte le binôme « sécurité et développement ». Aussi, si sur le plan global, il s’agit de définir effectivement une politique de coopération et développement durable permettant d’offrir une autre voie aux victimes des excès du marché, de la « financiarisation » et de la mondialisation(349). Il s’agit aussi surtout de promouvoir des stratégies politicoinstitutionnelles visant à redistribuer équitablement les richesses nationales aux fins de baisser les tensions politiques et préserver la paix sociale(350). L’intégration régionale, incluant le développement d’un marché commun, pourraient contribuer, pour reprendre l’expression proposée par Gérard-François Dumont(351) à réaliser un « Sahel Nostrum », voie privilégiée pour l’éradication de mouvements type AQMI.

343 Mehdi MEKDOUR, « Al-Qaïda au Maghreb Islamique : une menace multidimensionnelle », Note d’analyse du GRIP, 26 août 2011, p. 16.
344 « Mali : pour une action internationale résolue et concertée », Briefing Afrique de Crisis Group, n° 90, 24 septembre 2012, p. 10.
345 Mehdi TAJE, « Vulnérabilités et facteurs d’insécurité au sahel », Note publiée par le Secrétariat du Club du sahel et de l’Afrique de l’Ouest (CSAO/OCDE), n° 1, août 2010, p. 6. 346 Mehdi TAJE, ibid.
347 Colloque : Quelles constructions politiques au Mali face aux crises dans le sahel ? Fondation Gabriel Péri, 19 juin 2012, p. 36.
348 Ibid.
349 Voir Jean François DAGUZAN, « Terrorisme et Mondialisation : La coopération, réponse à la menace transnationale », op. cit., pp 242 et ss.
350 Aboya MANASSE ENDONG, « Risque mesuré ou surdimensionné : Instrumentalisation de l’AQMI et domination géostratégique ? », Revue Africaine de Parlementarisme et de Démocratie, Volume III, n° 5, avril 2011, p. 28.
351 Notamment lors de sa Conférence à la Sorbonne sur « La géopolitique des populations du sahel », le 17 mai 2010. Gérard-François DUMONT a proposé la formule Sahel Nostrum à l’image de la Mare Nostrum des Romains.

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