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CHAPITRE III : ANALYSE DES GRILLES DE PROGRAMMES ET INTERPRETATION DES RESULTATS

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Ce chapitre se propose de développer trois grandes sections. La première s’intéresse à présenter le rappel du protocole méthodologique. La deuxième prend en importance les résultats de l’analyse de contenu des grilles des chaînes de télévision. Enfin, la troisième a pour objet d’interpréter les résultats de la recherche.

Section1. Protocole méthodologique

Au cours de notre entreprise de rupture épistémologique abordée ci haut, nous avons pensé que l’enjeu majeur de cette recherche scientifique est que l’on ignore les indicateurs ou facteurs qui déterminent la (politique de) programmation d’une chaîne de télévision. Ainsi donc, nous fallait-il de déterminer la manière dont peut se reconstruire une politique de programmation.

Raison pour laquelle, nous avons formulé la question spécifique suivante : quels sont les facteurs qui déterminent la programmation des chaînes de télévision de Kisangani ?

En guise d’hypothèse, nous avons proposé à ce questionnement la réponse ci après : la programmation d’une chaîne de télévision repose sur les facteurs suivants : le statut de la chaîne, le public visé ainsi que les moyens de production disponibles.

En vue de vérifier notre hypothèse, nous mobilisons l’approche d’analyse comparative des documents médiatiques disponibles des chaînes de télévision. Nous avons recensé les grilles de programmes de toutes les chaînes de Kisangani ; la grille étant un document situé dans le temps et dans l’espace, ainsi que leurs cahiers des charges.

La technique documentaire et l’observation nous permettent de récolter les données, alors que l’appareillage de ces données fait recours à la technique d’analyse de contenu classique laquelle technique nous permet de repérer différents programmes (émissions) contenus dans les grilles et de les catégoriser dans tel ou tel type de programmes que nous concevons comme une sorte de contrat entre la chaîne et le public.

Section 2. Analyse de contenu des grilles de programmes du PAB.

2.1. Identification du corpus

Nous effectuons cette dissection sur base d’un corpus composé de grilles des programmes de quatre chaînes de télévision émettant de Kisangani. Il s’agit de la grille de programmes de la RTNC/station provinciale (datant de plusieurs années), la grille de RTA/Télévision (révisée en 2010), la grille de Canal orient (élaborée en 2011) et la grille de CCTV (en élaboration)(61).

Habituellement, toute analyse de contenu constitue une tâche qui procède en deux étapes : le repérage des idées significatives et leur catégorisation(62). L’analyse catégorielle aide à calculer les fréquences (haute, moyenne ou basse) d’apparition de certains items regroupés en catégories thématiques ou expressives.

2.1.1. Codage et les unités de comptage

À cette étape, nous voulons classer et catégoriser le contenu du corpus de travail en déterminant les segments de texte ou mieux le type d’unités afin de mener à bien l’opération de codage. Nous retenons trois types d’unités : l’unité d’enregistrement, l’unité de numération et l’unité de contexte.

L’unité d’enregistrement est le segment de contenu qui doit être classé. Nous considérons « émission » comme notre unité d’enregistrement. La deuxième unité, de numération, nous permet de quantifier en termes de volume horaire de chaque émission. Le format de l’émission et son occurrence (verticale ou horizontale) constitue notre unité de numération. Enfin, l’unité contextuelle, elle, c’est celle qui aide à affecter l’unité d’enregistrement dans une catégorie. Nous considérons le type de programmes comme unité de contexte.

2.1.2. Analyse du corpus

Cette étape consiste à dresser des tableaux pour chaque grille qui classent, dans une rubrique, les émissions ayant un contenu dans un type de programmes et dont le format et les occurrences génèrent le volume horaire. Nous déterminons aussi l’origine de la production.

2.1.2.1. Repérage des émissions dans la grille de la RTNC/station provinciale

Repérage des émissions dans la grille de la RTNC station provinciale

Il ressort de ce tableau que la grille de la RTNC/station provinciale comporte dans sa grille hebdomadaire un total de 51 émissions avec 9340 minutes de volume horaire.

Sur les 51 émissions 3 sont d’origine externe. Des émissions de promotion commerciale ne ressortent pas dans les cases de cette grille.

En sus, nous observons un mélange de genre différent dans un même emplacement horaire. La grille de la RTNC locale facilite la lecture verticale et horizontale.

Aussi, quasiment toutes les couches de la population se retrouvent avec une émission qui lui est spécifiée. C’est-à-dire que certains établissements publics, ongs, association, et/ou institutions sollicitent des espaces pour faire passer leurs messages, au-delà des émissions relevant de la production interne à l’entreprise.

La chaîne démarre ses émissions au milieu de la journée jusqu’à la fin de l’heure de grande audience (prime time), soit de 11h55 à 21h30.

Cependant, les émissions prévues aux différents moments sont loin de correspondre aux supposés publics disponibles. Et nombreux sont des programmes de flux.

2.1.2.2. Repérage des émissions dans la grille de la RTA

Repérage des émissions dans la grille de la RTA

Dans ce tableau, nous venons de recenser un total de 36 émissions dont 7 relèvent de la production externe. Elles occupent un volume horaire de 6592 minutes.

Nous notons également que certaines cases de la grille sont vides, elles n’ont ni le genre ni le titre de l’émission. La grille sert de relai des programmes étrangers, particulièrement ceux de TV5.

Il sied d’ajouter que cette grille est un mélange de la grille type et de la grille réelle ou concrète. Et les programmes sont lacés depuis 7h du matin jusqu’à 24h. Aussi, les programmes de flux sont prépondérants dans la programmation. Mais, la lecture est facile.

Étant donné que la chaîne relaye les programmes d’une chaîne étrangère qui respecte les moments et la disponibilité du public, les émissions semblent adaptées au découpage quotidien. Dommage que les programmes locaux qui se greffent aux premiers soient placés aux antipodes de la logique du découpage.

2.1.2.3. Repérage des émissions dans la grille de Canal orient

Repérage des émissions dans la grille de Canal orient

Dans le présent tableau, nous comptons un total de 29 émissions dont 2 d’origine externe. Le volume horaire est de 4980 minutes.

Les émissions placées à certains moments de la journée n’ont pas la chance d’être exposées au public correspondant. La lecture de la grille est commode. On y trouve également un mélange de la grille abstraite avec la grille réelle.

Les programmes de flux sont les plus présents dans la grille. Les émissions démarrent depuis 6h jusqu’à 24h.

2.1.2.4. Repérage des émissions dans la grille de CCTV

Repérage des émissions dans la grille de CCTV

Il résulte de ce tableau 46 émissions dont 6 extérieures à la programmation locale pour un volume horaire record de toutes les chaînes de 11250 minutes.

Il s’ensuit que cette grille présente un mélange des grilles abstraites et concrètes et dans un emplacement horaire l’on retrouve une série d’émissions de types et de genre différents (Film-série-dessin animé, etc.). Ces différentes émissions se partagent un format très modique et insuffisant à chacune, soit 15 ou 30 minutes pour Film-série-dessin animé.

La lecture s’effectue verticalement seulement. Aussi, la logique du découpage n’est pas prise en compte dans le placement des émissions. Nombreux de ces programmes relèvent du flux.

2.1.3. Catégorisation

A cette étape, la procédure est double. Dans un premier temps nous allons opérationnaliser les types de programmes, selon la classification de ELITE(63), que nous regroupons en contrats médiatiques énoncés par Soulage et Lochard auxquels ELITE a ajouté le contrat phatique (contact avec le public). Et dans un second temps, nous allons, d’une part déterminer les types de programmes dans chaque grille, et d’autre part, dégager les fréquences de chaque type dans la grille ainsi que le volume horaire consacré à chaque type.

2.1.3.1. Opérationnalisation des types de programmes

a) Contrat informatif

Contrat informatif

b) Contrat explicatif

Contrat explicatif

c) Contrat éducatif

Contrat éducatif

d) Contrat de divertissement

Contrat de divertissement

e) Contrat commercial

Contrat commercial

f) Contrat d’assistance

Contrat d’assistance

2.1.3.2. Catégorisation des émissions par chaîne de télévision

2.1.3.2.1. RTNC

RTNC

Il ressort de ce tableau un total de fréquence d’apparition de 50, dont 10, pour le contrat informatif, 20 le contrat éducatif, 10 le contrat explicatif, 8 le contrat distractif, 0 le contrat commercial, enfin 2 pour le contrat d’assistance. Tandis que les volumes horaires font au total 9340 minutes (100%), avec 4230 minutes, soit 45% pour le contrat informatif, 945 minutes, soit 10% le contrat éducatif, 2610 minutes, soit 28% le contrat explicatif, 705 minutes, soit 8% le contrat distractif, 0 ou 0% le contrat commercial, et 850 minutes, soit 9% pour le contrat d’assistance.

2.1.3.2.2. RTA

RTA

De ce tableau découlent les résultats suivants : total fréquence 72, avec 4 apparition pour le contrat informatif, 16 le contrat éducatif, 7 le contrat explicatif, 6 le contrat distractif, 3 le contrat commercial, et le contrat d’assistance fait aucune apparition. Par ailleurs, 6592 minutes est le total du volume horaire de tous les contrats, avec 2322 minutes ou 35% pour le contrat informatif, 1110 minutes ou 17% le contrat éducatif, 1110 minutes ou 17% le contrat explicatif, 1080 minutes ou 16% le contrat distractif, enfin, 970 minutes ou 15% le contrat commercial, tandis que le volume horaire du contrat d’assistance est 0 minutes ou 0%.

2.1.3.2.3. Canal orient

Canal orient

Au bout du compte, les résultats montrent le total des fréquences de 29, dont 3 pour le contrat informatif, 7 le contrat éducatif, 9 le contrat explicatif, 7 le contrat distractif, 1 le contrat commercial, et 2 pour le contrat d’assistance ; et le total volume horaire de 4980 minutes avec le contrat informatif pour 300 minutes, soit 6%, le contrat éducatif pour 600 minutes, soit 12%, le contrat explicatif pour 1380 minutes, soit 28%, le contrat distractif pour 1650 minutes, soit 33%, le contrat commercial pour 630 minutes, soit 13%, et le contrat d’assistance pour 420 minutes, soit 8%.

2.1.3.2.4. CCTV

CCTV

De ce tableau découlent les résultats suivants : d’une part, le total des fréquences montre 46 apparitions. Le contrat informatif en montre 3, 11 pour le contrat éducatif, le contrat explicatif 6, 21 pour le contrat distractif, le contrat commercial 4, enfin 1 pour le contrat d’assistance. Tandis que le volume horaire donne un total de 11250 minutes.

1875 minutes, 17% sont consacrées au contrat informatif, 825 minutes, soit 7% au contrat éducatif, 345 minutes, soit 3 au contrat explicatif, 4950 minutes, soit 44% au contrat distractif, 3120 minutes, 28% au contrat commercial, et 105 minutes, 1% au contrat d’assistance.

2.2. Comparaison des résultats

L’objectif est d’extraire les éléments comparatifs des résultats issus de l’analyse des grilles respectives des chaînes de télévision. Nous retenons les résultats des volumes horaires dans le tableau suivant :

2.2.1. Comparaison des volumes horaires

Comparaison des volumes horaires

De cette comparaison découle un fait selon lequel, les informations constituent un des types de programmes le plus prépondérant (45 et 35%) à la RTNC/station provinciale et à la RTA par rapport aux deux chaînes arrivantes. Cependant, une parité s’observe pour les programmes d’explication entre la chaîne mère et Canal orient, soit 28% de part et d’autre.

Quant au contrat distractif, CCTV a le monopole de tous les programmes de divertissement avec 44%, alors que Canal orient l’y rejoint en y accordant également 33%.

Contrairement à la RTNC qui n’a pas de plage commerciale, la CCTV y accorde 28% du volume horaire. Enfin, en termes de contact avec le public, la RTNC et Canal orient sont en quête d’une reconnaissance auprès de leurs publics.

Section 3. Approche interprétative de la recherche

La tendance qui se dégage est tel que, celles que l’on peut se permettre de qualifier « traditionnelles », la RTNC/Kisangani et la RTA, accordent aux informations une importance, contrairement aux nouvelles arrivantes dans le PAB qui consacrent le clair de leurs temps télévisuels aux divertissements. Cela peut être lié au fait et à la nature même de leurs missions poursuivies distinctement.

Évidemment, pour une chaîne qui travaille pour sa visibilité et sa lisibilité, il convient de privilégier, dans une certaine mesure, dans sa programmation des programmes relevant du genre « authentifiant » qui la rend assez crédible vis-à-vis de son public. En fait, des programmes se rapportant aux informations sont ceux qui déterminent, d’emblée, l’existence-même de la radiodiffusion, parce qu’étant un type de programme mobilisant peu de moyens que possible. Toutefois, une vérité dans ces médias, est que l’apport extérieur des programmes d’information est celui qui contribue le plus à cette crédibilité. À la RTNC/Kisangani comme à la RTA, le volume horaire de ces programmes est élevé à ceux locaux ; pourtant elles devraient obéir à la « loi de la proximité » qui caractérise les informations dans une communauté donnée.

En revanche, les nouvelles chaînes apportent un type de programme alternatif au premier en ce sens que comme le disent si bien LOCHARD et BOYER(64), « le contrat se fonde sur le plaisir et le sérieux. Si le second tend à garantir la fiabilité de l’information transmise et, donc, la crédibilité du média émetteur, le premier vise à séduire le public et, donc, à garantir la satisfaction de ses affects en mobilisant différents imaginaires sociaux ».

Dans cette condition, l’enjeu n’est pas de marquer sa préférence sur tel ou tel type de programme, mais c’est d’assurer un équilibre des genres télévisuels afin de pouvoir conforter cette fiabilité du média ainsi que de sa capacité à séduire ou mieux à satisfaire son partenaire direct, le public.

Aussi, constatons-nous après analyse, une sorte de suivisme dans l’élaboration des grilles de programmes. C’est à peu près les mêmes émissions que chacune des chaînes titre à sa manière, mais avec les mêmes formules de présentation et philosophie voire la cible.

Après la déchéance du monopole dans le secteur audiovisuel, la grille de la RTNC/Kisangani datant de plusieurs décennies, a servi de modèle des autres. Toutes les chaînes du régime privé ont parodié la programmation, la structure de la grille ainsi que les techniques de programmation.

Nonobstant, cette programmation est fondée sur les besoins supposés des publics et non sur les besoins exprimés des bénéficiaires. Cela dit, l’on est devant une logique qui pense que l’émetteur, la chaîne, est tout puissant, tandis que le récepteur, le public, est passif. Et pourtant, selon Lee THAYER(65), l’acte communicationnel entre ces deux acteurs est l’œuvre d’une « co-création ». C’est-à-dire la participation du public dans la détermination des contenus susceptibles de lui intéresser devra constituer un enjeu indispensable de la part des chaînes de télévision. Comme évoqué ci haut, il faut au préalable étudier les besoins et les souhaits des auditeurs pour en tenir compte dans l’élaboration des émissions.

Quel qu’il soit du régime public ou privé, le paysage audiovisuel boyomais découle du format généraliste ; cela dit, il s’adresse à un public plus hétérogène et il doit tout au long de la journée déterminer le public majoritaire. Ainsi, la règle fondamentale de sa programmation sera d’exposer chaque programme à la case horaire qui lui convient le mieux.

Le programmateur doit retracer l’emploi du temps des différents publics cibles et déterminer les heures où ils regardent la télévision.

Au vu des résultats, la logique du découpage de la journée en tranches correspondant à la disponibilité du public-cible est loin d’être une préoccupation du PAB. Les programmes sont placés de manière aléatoire. Des films ainsi qu’une catégorie d’émissions intéressant la vie du public sont diffusés à des heures inopportunes ; et une autre catégorie de programmes est improvisée au gré des programmateurs sur base de certaines convenances propres aux idées qui dictent la vie de l’entreprise. C’est une sorte de grille que nous appelons «implicite », c’est-à-dire qu’il s’observe des programmes qui sont proposés par les chaînes liés à certaines contraintes extérieures à la réalisation du programme.

C’est le cas des programmes improvisés concernant les activités ou les tournées du gouverneur ; une messe dite par l’Archevêque de Kisangani ; ou une action de certaines personnalités ; ou encore un message des patrons de la chaîne…ce qui installe une certaine imprévisibilité dans le flux télévisuel. Alors que le principe horizontal de construction d’une grille vise l’encrage des rendez-vous réguliers dans les habitudes du public. Vis-à-vis du public c’est moins respectueux à son égard et, loisible à lui de faire usage de son arme de destruction, la télécommande. Des études des habitudes d’écoute et sociologiques dans le chef du public ne sont pas réalisées au départ.

Pour le bénéfice de la chaîne, l’acteur de la programmation, le programmateur qu’il soit du service public ou télévision commerciale, joue le rôle essentiel d’acheteur et de sélectionneur d’images, ainsi que de collecteur de ressources financières. Le schéma du ” sablier ” montre qu’il se déroule un échange des programmes contre du temps, le temps des téléspectateurs transformés en audience pour les annonceurs. D’où, pour une chaîne de télévision, les annonceurs est un autre public très crucial et vital qu’il sied d’attirer également.

Par ailleurs, il est important de souligner le fait que le paysage audiovisuel boyomais fait place généralement aux programmes dits de « flux », entendons par là en rappel, qui perdent leur valeur à la première diffusion ; ils sont donc éphémères. Ils sont considérés dans une certaine mesure comme des programmes de « stock », dans le PAB étant donné qu’une fois après leur diffusion, ils sont rediffusés. Il est monnaie courante de voir des JT être rediffusées à deux ou trois reprises. Ce qui dénote un enjeu important de production dans les différentes chaînes. Les matériels, les professionnels qualifiés, et les sources de financement déterminent cette production.

Pourtant, la plupart de ces chaînes comptent sur les maigres moyens financiers provenant de recettes engrangées de communiqués, annonces, messages et publicités. Ces moyens insuffisants ne permettent pas le financement des productions internes. Le plus souvent, les émissions sont produits en studio et en direct ; au moment où certaines productions médiatiques n’obéissent plus à ces formules de présentation et d’habillage « traditionnels » et sont avides de décors naturels qui confèrent à l’émission sa fiabilité.

D’ailleurs, la coutume actuelle est celle d’enregistrement préalable des programmes. Aussi, quand on a les moyens, l’on peut se procurer des programmes extérieurs très originaux et non ceux limités à des films d’action que quiconque peut se trouver au sur le marché. La télévision est le domaine de la nouveauté ou de l’inconnu significatifs mis à la disposition du public pour son information et sa formation.

En outre, la nature de formation des professionnels relève de l’expérience mitigée, d’autant que, nombre d’entre eux ont subi une formation sur l’état. La petite goutte des professionnels issue d’un cursus académique butte contre une force de pesanteur qu’est le système des anciens dans l’entreprise. Ce qui limite la visée créative qui doit dicter les professionnels quand ils professent.

L’autre contrainte se rapporte à l’équipement technique à la disposition des chaînes. Après exploration dans les entreprises respectives, comme vous pouvez le voir au deuxième chapitre, il ressort que les équipements ne sont pas suffisants quant à la production.

Certains matériels tels que caméra et autres, se limitent à l’émission du signal à partir du studio uniquement.

Il est difficile de savoir les motivations qui dictent les promoteurs de ces médias à en créer. A vrai dire, l’observance des textes réglementaires fait défaut. Selon les Cahiers de charges des médias audiovisuels en RDC(66), parmi les conditions d’obtention de licence d’exploitation, « une étude de faisabilité et de rentabilité évaluant notamment la capacité de rémunérer les compétences utilisées, de manière décente pendant deux ans et de disposer d’un compte bancaire ».

Nous insistons sur le fait que les objectifs ou les missions qu’on assigne aux entreprises audiovisuelles doivent faire l’objet d’un soin particulier dans leur formulation.

Dit-on, ce qui se conçoit bien, s’énonce bien et les mots pour le dire viennent aisément. Notre intérêt réside dans le fait qu’une mission ou un objectif bien défini permet de déterminer les conditions nécessaires et suffisantes pour parvenir à la réalisation de ce que l’on veut entreprendre.

Il n’en demeure pas moins vrai que des entretiens avec les responsables de la programmation de notre milieu d’étude, il ressort qu’en général ils estiment que la mission ou l’objectif assigné à leurs chaînes est celle, traditionnelle, reconnue aux médias : information, éducation/culture et divertissement. Et nous en convenons dans une certaine mesure.

Néanmoins, ce n’est pas par un hasard ou par un besoin instinctif qu’il arrive aux promoteurs de créer des entreprises de radiodiffusion. Leurs motivations sont importantes afin d’affiner le contenu qui véhicule une quelque philosophie directrice de laquelle se décline le projet éditorial ou la fameuse « ligne éditoriale » tant évoquée par les médias boyomais pour justifier certaines actions.

« La ligne éditoriale désigne le thème, le public et le but d’une publication…elle apporte une cohésion globale à un ensemble de contenus. Sa formulation permet de construire l’identité d’une publication, d’établir clairement son territoire (ses domaines) et éventuellement sa couleur idéologique ».(67) Dans un cas de figure, nous avons la RTNC qui est divisée en trois compartiments : les RTNC1, 2, et 3 dont chacune à un but tout à fait particulier et qui permet à chacune de remplir sa fonction. Ces éléments se trouvent bien consignés dans des textes précis : soit des statuts (chaîne publique) soit un cahier des charges (chaîne privée). C’est quand l’on s’en détache que télévision-média perd sa valeur sociale et se réduit à un support de secours uniquement lorsque l’on veut écouter de la musique ou regarder un film. Et c’est la mort même de cette chaîne. Conséquence dialectique, considérant que dans ces conditions, le média audiovisuel rivalise avec la programmation individuelle de plus en plus en vogue avec la possibilité d’avoir par devers soi un lecteur VCD ou DVD.

61 Entretien avec le Directeur des programmes
62 DERÈZE, (G.), Méthodes empiriques de recherche en communication, Bruxelles, De Boek Université, 2009, pp. 163-183
63 ELITE, (I.), op. cit., pp. 11-12
64 LOCHARD, (G.) & BOYER, (H.), Notre écran quotidien. Une radiographie du télévisuel, Paris, Dunod,coll. »société », 1995, p.100
65 EKAMBO, (D.), Cours des theories de la communication, IFASIC, 2011
66 Op. cit., p. 9
67 GAUDEFROY, (A.), « Une ligne éditoriale, à quoi ça sert ? », article mis en ligne le 8 décembre 2008, consulté le 19 mai 2011 à 13h00.

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