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B. La « e-administration » confrontée aux défis de la pauvreté : avantages et limites

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Selon un rapport publié par les Nations-Unies en 2005 sur le degré de préparation des
pays à l’e-gouvernement, Haïti est placée en 166ème position sur 191 Etats. Ce rapport
montre en réalité le degré de difficultés auquel l’Etat pourrait faire face s’il se déciderait à
engager la modernisation de l’Administration par le levier des NTIC. Cependant, dans quelle
mesure les indicateurs utilisés dans ledit rapport sont fiables ? N’est-il pas plus profitable et
plus réalisable pour l’Etat haïtien d’entrer dans cette ère de modernité que de s’engager à
instituer une Administration forte, déconcentrée, mais basée uniquement sur la papaserie
administrative ?

En effet, les auteurs du Programme-cadre de la réforme de l’Etat 2007-2012 rappellent
pour leur part qu’entre 2005 et 2007 le pays a connu entretemps un boom dans le domaine de
la téléphonie mobile et de l’Internet en général(127) comme pour rappeler qu’une sourdine
devrait maintenant être apportée à la teneur dudit rapport concernant Haïti eu égard aux
progrès technologiques enregistrés.

A vrai dire, il est évident qu’avec l’avènement des compagnies de téléphonie mobile
comme la Haïtel, la ComCell et surtout la Digicel le monde de la téléphonie a connu une
révolution en Haïti. Aujourd’hui, plus de trois Haïtiens, soit environ 1/3 de la population
totale, possèdent un téléphone portable.(128) Cependant, il est tout aussi exact que la majeure
partie de ces téléphones ne fonctionnent pas la plupart du temps rien parce qu’ils ne peuvent
pas être rechargés en raison de l’absence chronique d’électricité.

En tout état de cause et minimalement, l’électronisation de l’Administration suppose
l’utilisation dans les services publics d’ordinateurs de pointe et l’Internet. Or, cela suppose
aussi de manière sous-jacente que le pays soit au moins électrifié.

La fracture ou encore le fossé numérique entre les populations de villes et des campagnes,
entre les riches et les pauvres peut contribuer à augmenter la fracture sociale, dans la mesure
où une partie privilégiée de la population pouvant manier un ordinateur ou ayant accès à
l’électricité et à l’Internet peut jouir des services en ligne, alors que le reste de la population
est condamnée à rester en dehors de cette ère de modernité. N’est-ce pas contraire à l’esprit du
principe d’égalité d’accès aux services publics ?

Face à cette problématique de l’Administration électronique confrontée aux défis de la
pauvreté en Haïti, nous proposons que l’Etat s’engage dans la logique du nivellement par le
haut, c’est-à-dire d’entrer dans l’ère de modernité en dépit des enjeux et des faiblesses qu’il
aura à pallier au fur et à mesure. Nous risquons aussi affirmer que l’Administration
électronique, en dépit de la pauvreté chronique en Haïti, peut aider à changer l’image de
l’Administration et à rendre son action plus efficace, car les Fonctionnaires seraient plus
productifs.

Un citoyen ne disposant pas encore d’un ordinateur branché ou ne pouvant pas s’en servir
peut à la limite se rendre dans un cybercafé dans les parages afin de jouir de l’Administration
électronique. Si cela a certes des enjeux, il peut aussi générer des externalités positives en
termes de création de PME comme les cybercafés. En outre, l’Etat haïtien pourrait aussi
envisager de placer sur certains points où il y a une forte pression démographiques des
automates à partir desquels les citoyens ou entreprises peuvent tirer leurs documents
administratifs, remplir des formulaires, prendre des rendez-vous, etc.

127 Op. cit., page 37.
128 Le Nouvelliste, « Lancement du fonds incitatif de paiement par téléphone », publié le 16 juin 2010. La page
est consultée le 30 août 2011 et disponible à partir de l’URL :
http://www.lenouvelliste.com/articles.print/1/80544

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