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B. La coordination et la canalisation de l’accompagnement des acteurs internationaux de la réforme : une mission difficile mais nécessaire

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En effet, au lieu de subir des réformes dans une dynamique Top-Down, l’Etat haïtien, une
fois s’assurer de l’appropriation de la définition et de l’orientation stratégique de la
modernisation de la Fonction publique par la société haïtienne acquise à partir de la stratégie
d’un processus décisionnel participatif, peut sur le fondement de cette partage de vision au
niveau national, essayer de coordonner et de canaliser l’accompagnement des acteurs
internationaux de la réforme. Il s’agit certes d’une mission difficile, mais oh combien
nécessaire en vue de la lisibilité, de la cohérence et de l’efficacité de l’action publique dans ce
domaine.

Il ne s’agit pas de faire de la modernisation de la Fonction publique un projet de société
sans le bénéfice de l’apport financier et expertal des acteurs internationaux. Mais l’Etat
haïtien devra s’assurer de pouvoir présenter ledit projet de société aux acteurs internationaux
en vue de leur accompagnement technique et financier sans compromettre les orientations
stratégiques et philosophiques de la réforme qui auront été décidées collectivement au plan
national. De plus, une maitrise des enjeux des conditionnalités de cet accompagnement aura
permis d’éviter leurs potentielles conséquences néfastes pour les générations présentes et
futures.

A titre indicatif, nous avons vu au deuxième chapitre de ce travail le bilan mitigé des
différentes tentatives de réformes de la Fonction publique. Certes, entre autres, des efforts ont
été réalisés en termes de professionnalisation des Fonctionnaires, mais les politiques de
réduction massive des Fonctionnaires engagées sous l’impulsion des institutions de Bretton
Woods comme conditionnalités de l’aide au développement ont occasionné une hémorragie
des ressources humaines et ont influé « négativement » sur l’attractivité de la Fonction
publique.

Sachant qu’ils peuvent être mis à pied suite à une « injonction » des partenaires
internationaux détenant les cordons de la bourse, les Fonctionnaires ne se sentent plus
protégés par le principe de la garantie de l’emploi qui est l’un des principes statutaires
fondamentaux du système de la Fonction publique de carrière consacré par la Constitution de
1987. Comme conséquence, ceux qui le peuvent quittent la Fonction publique à destination de
l’étranger ou des organisations internationales ou encore plus rarement du secteur privé.

D’où la difficulté pour l’Etat haïtien d’assurer la rétention des Fonctionnaires à son service.
Pourtant, il s’agit bien de Fonctionnaires à la professionnalisation desquels il a contribué dans
le cadre du processus de la modernisation de la Fonction publique. Cela n’encourage pas non
plus les jeunes professionnels frais émoulus de l’Université à s’engager dans cette Fonction
publique au service de l’Etat.

De plus, de telles politiques sont peu valorisantes à l’égard des ressources humaines se
mettant par résignation, ou par conviction au service d’Etat en ce sens qu’elles sont perçues
comme un poids sur le dos de l’Etat, alors qu’elles peuvent être plutôt un atout pour l’Etat si
elles sont valorisées en les offrant de « belles » perspectives de carrière et par une gestion de
la Fonction publique personnalisée et responsabilisante.

Tenant compte de tout ce qui précède, il va sans dire que l’Etat haïtien se doit de devenir
maitre des réformes engagées dans la Fonction publique en vue de leurs effectivité et
cohérence, en s’appuyant sur les orientations stratégiques dégagées dans le consortium
national des élites haïtiennes sur le projet de la modernisation et en canalisant
l’accompagnement des acteurs internationaux.

En effet, il existe plusieurs partenaires internationaux d’Haïti impliqués dans ce processus
de la modernisation de la Fonction publique. Cependant, nous pouvons risquer avancer que
les institutions financières internationales comme le FMI et la Banque Mondiale par
l’entremise de la Banque internationale pour la reconstruction et le développement (BIRD),
mais surtout l’Association internationale de développement (IDA) dont les prêts sont réservés
aux pays les moins développés, sont les acteurs internationaux les plus influents de la
réforme. Cette influence s’explique par le degré de la dépendance financière d’Haïti vis-à-vis
desdites institutions. D’où aussi la difficulté pour Haïti de prétendre pouvoir orienter et
canaliser leur accompagnement.

En outre, d’autres organisations internationales comme la Banque Interaméricaine de
Développement (BID), l’Union Européenne (UE) ou encore le Programme des Nations-Unies
pour le Développement (PNUD) interviennent aussi dans le champ de la réforme des services
publics et de la Fonction publique en Haïti.

Selon le projet « Assistance préparatoire à la réforme administrative 2007-2008 », depuis
2004 marquant l’avènement du gouvernement de transition, les interventions de la BID et de
la Banque Mondiale trouvent leurs sources dans le cadre du Cadre de Coopération Intérimaire
(CCI). L’une des préoccupations du Gouvernement PREVAL-ALEXIS ayant succédé au
gouvernement de transition était donc « de ramener les bailleurs à la table pour des prises de
position sur le Document cadre de la réforme de l’Administration publique haïtienne et de la
décentralisation ».(105)

Selon le même document : « L’Union européenne est aussi intéressée par la réforme. Une
première mission exploratoire a eu lieu en avril 2007. Il s’agissait pour l’UE de déterminer
quelle forme prendrait son assistance à la réforme. Notons tout de suite que cette assistance a
été, comme pour la BID et la Banque Mondiale, développée hors du document cadre de la
réforme. Une deuxième mission forte d’une quinzaine d’experts travaille actuellement au
niveau du Bureau du Premier Ministre et des ministères sectoriels ; l’objectif étant de doter
ces institutions de plan de travail pour l’année fiscale 2007-2008 ».(106) C’est le « Programme
d’appui à l’Administration publique haïtienne » dans le contexte de relance de l’efficacité
administrative et de consolidation de l’action gouvernementale.

Il n’y a donc que le PNUD à agir sur le fondement du Programme-cadre de la réforme de
l’Etat 2007-2012.

Notons aussi que des partenaires de la coopération bilatérale, comme le Canada,
interviennent aussi dans le champ de la réforme. Le Canada, particulièrement le Québec, agit
sous le label du « Projet d’appui au renforcement de la gestion publique en Haïti
(PARGEP) ».(107)

Comment l’Etat haïtien arrive-t-il à coordonner et canaliser toutes ces interventions des
acteurs internationaux de la réforme ? Notons que s’il parait difficile pour l’Etat haïtien
d’orienter l’aide technique et financière des institutions financières internationales comme la
BID, la Banque Mondiale ou le FMI en raison de la rigidité du principe des conditionnalités,
il le parait moins dans le cas du PNUD ou des actions menées dans le cadre de la coopération
bilatérale. D’où l’intérêt de l’Etat d’essayer d’abord de coordonner et de canaliser
l’accompagnement de ces derniers acteurs internationaux.

105 Cf : « Assistance préparatoire à la réforme administrative 2007-2008 », opere citato, page 7.
106 Idem, page 7.
107 « Le Projet d’appui au renforcement de la gestion publique en Haïti (PARGEP) est le fruit de la volonté de
collaboration tripartite manifestée par les gouvernements du Québec, du Canada et d’Haïti. La contribution du
gouvernement du Canada, par l’entremise de l’Agence canadienne de développement international (ACDI), est
de 4,85 millions de dollars et l’investissement du Québec de 1,5 million de dollars ». Cf : Site officiel du
PARGEP faisant la description du projet. L’URL de la page consultée le 30 août 2011 :
http://www.pargep.enap.ca/fr/Accueil.aspx?sortcode=1.1.2.2

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