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B. Discussions et conclusions

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Les travaux de Howard Gardner sont, comme il le dit lui-même, fortement influencés par le modèle de l’esprit, modèle issu des sciences cognitives et de la neuroscience sur le développement du cerveau. Son ouvrage, Frames of Mind (1983), a permis de démontrer que l’intelligence présente des formes multiples et que l’usage des technologies en à favoriser le développement. Il a affirmé que la connaissance est en relation étroite avec les compétences personnelles et relationnelles de la vie de tous les jours.

On a donc établi le lien implicite entre l’atteinte de compétences attendues de plus en plus variées et le manque de considération des formes d’intelligence. La théorie d’Howard Gardner dit que chacun possède, dans une certaine mesure, chacune de ces intelligences, et que la combinaison de ces dernières diffère d’un individu à un autre, tout le monde ne présente pas les mêmes habiletés intellectuelles.

L’École secondaire « Les Compagnons-de-Cartier » propose un programme pédagogique novateur auquel je me suis intéressée. Ce programme intègre les nouvelles approches pédagogiques et les technologies de l’information et des communications, il s’appelle le « Protic ». Il ne s’agit pas de dire que c’est le bon exemple, mais simplement de présenter un exemple d’organisation pédagogique proche de la théorie des IM.

L’approche de pédagogie par projet est très largement mise en oeuvre, cette approche permet la mise en oeuvre d’activités interindividuelles complexes découlant de l’interaction des multiples intelligences individuelles. Toute construction de connaissances fait en effet appel à plusieurs types d’intelligence. Dans cette organisation pédagogique, la priorité est de considérer les élèves comme détenteurs d’un ensemble d’habiletés intellectuelles qu’ils sont progressivement amenés à maîtriser et à développer dans la connaissance de celles des autres élèves au cours de leur démarche d’apprentissage.

Cette interaction intellectuelle entre plusieurs individus rassemblés autour d’un même projet incite chacun d’eux à réfléchir, à analyser, à interpréter plusieurs fois une même situation. L’approche par projet conduit l’élève à évaluer sa démarche intellectuelle, dès lors qu’il la confronte à celle des autres et, par le fait même, l’amène à la modifier et à l’enrichir.

La notion d’intelligence, telle que définie par Gardner, met l’accent sur la performance intellectuelle dans l’espace ouvert de la coopération et de l’interaction. C’est dire que les interactions et la multiplication de ces interactions au sein d’un groupe donné sont susceptibles de conduire à de profondes transformations intellectuelles tant du côté de l’individu que du côté du groupe au sein

duquel cet individu évolue. C’est peut être une des raisons pour laquelle, l’enseignement « Protic » offre un espace où les apprentissages s’effectuent un peu plus vite qu’ailleurs, parce qu’il permet des possibilités de rencontres démocratiques. Nous savons tous que l’école du XXIème siècle ne se limite plus à la transmission de savoir. Les enfants n’ont plus besoin de se rendre à l’école pour apprendre. Internet, la télévision, les voyages, la lecture, leur offre de multiples écrans sur le monde hors du schéma ancien. L’école doit pouvoir offrir des outils et méthodes variés pour former l’être humain, stimuler son envie d’apprendre, lui permettre de développer son panel d’intelligences et d’aptitudes pour qu’il puisse s’épanouir intimement dans un contexte social et par son originalité ; sans se contenter de répondre aux besoins d’une organisation.

Reconnaître les différentes intelligences des élèves, c’est aussi participer à la construction de leurs bonheurs. Le terme de bonheur proscrit des considérations scientifiques quantitatives, fait également son chemin dans l’esprit des sociétés contemporaines. Si le bonheur dépend de la capacité à résoudre ses problèmes et à s’adapter à son environnement, on peut alors en déduire que favoriser des intelligences individuelles contribue à donner les clés du bonheur avec celles non exhaustives et adaptées de la résolution des problèmes propres à chaque individu. Je voudrais conclure en citant quatre auteurs qui me sont cher et qui ont influencé le choix de ce thème, et continuent à nourri de façon critique ma conception, même au-delà mémoire.

– François de Singly, Sociologue et directeur du Centre de recherche sur les liens sociaux. Il a écrit notamment : « L’individualisme est un humanisme » dans lequel il dit je cite : « l’individualisme est une forme de vie en société permettant à chacune, chacun, d’avoir les reconnaissances dont il a besoin pour écrire sa vie, d’avoir les moyens de réaliser, sur le temps de travail ou de loisir, ce qu’il veut produire. L’individualisme est créateur. […] (p.25. 2011)

L’individualisme ne devient pas humaniste sans conditions. La première, la plus important, réside dans le fait que l’individualisme concurrentiel ne soit pas dominant. […] (p114. 2011) La notion de socle commun de connaissance (Thélot 2004) repose sur une analogie avec le smic, […] le smic n’a jamais menacé les hauts salaires. » (p122. 2011).

– Friedrich Nietzsche, (1844-1900) moraliste Allemand. Extraits de « humain, trop humain. Un livre pour les esprits libres. : « Si nous essayons de contempler le miroir en soi, nous finissons par n’y trouver que les choses qui s’y reflètent. Si nous voulions saisir ces choses, nous ne rencontrons finalement rien d’autre que le miroir. – Telle est l’histoire générale de la connaissance. (II, 1 Opinions et sentences mêlées) […] Comment la raison est elle venue dans le monde ? d’une façon déraisonnable, comme de juste – par le hasard. Il faudra déchiffrer ce hasard comme une énigme. II, 2 (Aurore, pensée sur les préjugés moraux).

– Erving Goffman, Sociologue américain d’origine canadienne (1922-1982), est l’auteur notamment des ouvrages: « Les Rites d’interaction », « Les relations en public » et « La Présentation de soi » (premier tome de La Mise en scène de la vie quotidienne). En 2004, dans « Le déploiement du genre », Terrain, n° 42, pp. 109-128, il écrit : « Les individus ne font pas seulement qu’apprendre comment et quand s’exprimer ; en le faisant, ils apprennent aussi à être la sorte d’individus à laquelle la doctrine de l’expression naturelle s’applique ; ils apprennent à être des individus qui ont un caractère et à l’exprimer, des individus pour qui cette expression caractérologique est seulement naturelle. Nous sommes socialisés pour confirmer nos propres hypothèses sur notre nature ».

– Gabrielle Émilie Le Tonnelier de Breteuil, marquise du Châtelet, communément appelée Émilie du Châtelet, née à Paris le 17 décembre 1706 et morte à Lunéville le 10 septembre 1749, est une mathématicienne et physicienne. Elle est aussi restée célèbre pour être l’auteur de la traduction française des Principia Mathematica de Newton qui fait toujours autorité aujourd’hui, et également pour avoir été la maitresse de Voltaire, il disait d’elle: « Jamais une femme ne fut si savante qu’elle, et jamais personne ne mérita moins qu’on dît d’elle : c’est une femme savante. […] Elle ne parlait jamais de science qu’à ceux avec qui elle croyait pouvoir s’instruire, et jamais n’en parla pour se faire remarquer. »

– Extrait de son magnifique texte, « Discours sur le bonheur », écrit en 1779 et d’une grande clairvoyance sur son temps : « II faut commencer par se bien dire à soi-même et par se bien convaincre que nous n’avons rien à faire dans ce monde qu’à nous y procurer des sensations et des sentiments agréables. Les moralistes qui disent aux hommes : réprimez vos passions, et maîtrisez vos désirs, si vous voulez être heureux, ne connaissent pas le chemin du bonheur. On n’est heureux que par des goûts et des passions satisfaites ; je dis des goûts, parce qu’on n’est pas toujours assez heureux pour avoir des passions, et qu’au défaut des passions, il faut bien se contenter des goûts. Ce serait donc des passions qu’il faudrait demander à Dieu, si on osait lui demander quelque chose […] ».

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