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A/ Une solution pour sortir du chômage et du RMI

ADIAL

La crise du salariat observée en France depuis une trentaine d’années a laissé
beaucoup d’individus affaiblis par l’expérience qu’ils ont vécu dans le monde du travail, qui
les a rejetés puis progressivement installés dans la précarité. Cette situation touche toutes les
tranches d’âge, notamment les plus jeunes qui souffrent du chômage de masse dès leur entrée
sur le marché du travail et n’arrivent souvent pas à y trouver une place pérenne avant
plusieurs années de précarité. Les mutations économiques ont également été un facteur de
chômage et de précarisation, notamment pour les salariés travaillant dans l’industrie qui ont
été touchés de plein fouet par les délocalisations d’entreprises vers les pays où le coût du
travail est plus faible.

Néanmoins, beaucoup de ces individus exclus de l’emploi possèdent un savoir faire.
Nombre d’entre eux souhaitent créer leur entreprise pour mettre fin à leur situation de
chômage, qui les tient en marge de la société. Ainsi, face à la crise actuelle du salariat dans les
pays développés, que la globalisation risque fort de maintenir, voire même d’amplifier, la
création de son propre emploi apparaît de plus en plus comme un levier d’insertion sociale
pour des individus écartés du marché du travail. Cette analyse est corroborée par les
statistiques. Aujourd’hui déjà, une entreprise sur trois est créée par un chômeur ou un titulaire
de minima sociaux et, comme nous l’avons souligné, une faible part de ces créateurs se sont
assurés.
Face à cela, la micro-assurance, associée au micro-crédit apparaît aujourd’hui comme
l’un des moyens les plus à même de faire face à la montée de l’exclusion et du chômage, en
permettant à de nombreux porteurs de projets en marge des systèmes classiques de créer
malgré tout leur activité. La micro-assurance a donc ici un rôle très important à jouer, en
favorisant la prise de risque du micro-entrepreneur, qui, sachant que grâce à l’assurance il
n’aura pas à supporter tous les risques inhérents à son activité, sera davantage incité à créer
que s’il ne pouvait s’assurer. Elle offre également aux individus qui ont l’obligation d’avoir
une couverture d’assurance pour créer leur activité de pouvoir le faire. Enfin, la microassurance
permet au microentrepreneur, dont la situation l’obligeait à créer son entreprise, de faire que
ce ne soit pas le pari de la dernière chance, dans la mesure où une certaine protection lui est offerte.
En définitive, si la micro-assurance incite à la création, cela ouvrira la voie à la
création de son emploi par le créateur, ce qui lui permettra de sortir de sa situation de
chômage ou de RMI et de sortir de l’exclusion, en retrouvant une place dans la société et la
vie économique. L’État y trouve également son compte puisque la personne qui recevait un
revenu social et qui décide de créer ne coûtera plus à la communauté dans le pire des cas et
au-delà pourra même « rapporter » à la collectivité en payant impôts et charges sociales.

De plus, si son entreprise se développe, le créateur aura alors besoin d’embaucher et
deviendra donc créateur d’emploi13. La micro-assurance associée au micro-crédit soulève
ainsi l’espoir d’apporter une partie de la solution au problème du chômage, en favorisant la
création un tissu de petites entreprises très vivaces qui permettront le retour à l’emploi de
personnes qui n’en ont plus.

Il pourrait cependant sembler utopique de penser qu’à l’heure de la globalisation de
l’économie, de très petites entités puissent durablement prospérer dans les pays occidentaux et
offrir à leur créateur de créer et maintenir son propre emploi.
Contrairement aux idées reçues, plusieurs études, notamment celles de Bernard
CATHELAT(14) et de Daniel COHEN(15) tendent à montrer que le mouvement de globalisation
de l’économie laissera place, aux côtés des grands groupes multinationaux, à un nombre
croissant de micro-entreprises, qui couvriront de très petits marchés, redonneront une
dimension locale et « humaine » à l’économie. Ces entreprises viendront combler certains
manques laissés par les groupes multinationaux et offriront une solution à la pauvreté et
surtout à la rareté du travail due aux compressions de personnel dans les grandes entreprises.
Un aspect dans l’incitation à la création de très petites entreprises est également non
négligeable. Dans les quartiers les plus défavorisés, cela peut être un moyen de réimplanter de
l’activité, créer des emplois locaux et par là même servir de levier d’intégration pour les
populations d’origine immigrée qui sont nombreuses dans ces zones urbaines.

13 Selon l’INSEE, en 2005, deux créateurs sur trois étaient toujours à la tête de l’entreprise qu’ils avaient créée
en 2002, ce qui représente 138000 entreprises. Sur cette période de 3 ans, 37000 entreprises ont augmenté leur
effectif salarié. Ces entreprises créatrices d’emploi étaient des Très Petites Entreprises et le sont pour la plupart
restées, seule une sur 10 dépassant 10 salariés en 2005. Le nombre d’emploi créés a cependant permis de
contribuer à conserver 92% du solde total d’emploi créés en 2002 (le solde d’emploi total comprend les emplois
salariés et non salariés), ce qui est un très bon chiffre.
14 Bernard CATHELAT, LE RETOUR DES CLANS. Après l’ère de l’individualisme, entrons-nous dans l’ère
des tribus ?, éditions Denoël, 1997
15 Daniel COHEN, Trois leçons sur la société post-industrielle, éditions du Seuil et La République des Idées,
2006.

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