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3.1. Les déterminants de l’autosuffisance

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L’autosuffisance opérationnelle évalue dans quelle mesure une institution couvre ses charges d’exploitation avec ses produits d’exploitation (SEEP 2005). Les meilleures institutions du monde affichent en moyenne une autosuffisance opérationnelle variant autour de 133% (DESJARDIN, 2005). En RD Congo cette norme est réduite à la baisse et se situe à 119% (BCC 2012). Intuitivement, il semble que seuls les produits et les charges d’exploitation soient les déterminants. Cependant, s’alignant dans le même ordre d’idée que Ndimanya, (2003) (cité par NIYONGABO E. 2007), il existe plusieurs autres éléments qui conditionnent l’autosuffisance opérationnelle. Cette section vise donc à ressortir les principaux déterminants de l’autosuffisance opérationnelle.

3.1.1. Charges de l’institution

Parmi les grands problèmes auxquels font face les institutions de microfinance, il y a lieu de citer la maitrise des charges opérationnelles. Ces charges sont essentiellement constituées de : charges financières(18), provisions pour pertes sur créances(19), charges administratives(20) et charges salariales(21).

Vu que les coûts relatifs inhérents à l’octroi de petit crédit sont très élevés, l’autosuffisance des institutions servant les personnes à faible revenu est mise en péril.

Cette situation contraint la plupart des ISFD à un état de dépendance face aux subventions (Brau et Woller 2004 ; Hermes et Lensink 2007 cités par Maty Sene 2009).

Encore faut-il souligner que ce ne sont pas toutes les institutions qui ont accès à ces subsides. Celles qui n’en bénéficient pas se retrouvent donc dans le pire des cas.

Ainsi pour franchir cette autosuffisance, les ISFD doivent adopter les stratégies du modèle commercial basées sur les modes de gestion efficace et rationnel (Gebons et Meehan 2000).

3.1.2. Produits de l’institution

Par ses produits sur portefeuille(22), ses produits d’investissement(23) et ses autres produits d’exploitation,(24) l’institution doit être à même de couvrir toutes ses charges et s’aligner dans une logique de long terme.

La viabilité nécessite donc un effort d’efficience dans le chef des institutions en vue d’avoir les charges faibles et des recettes élevées. Eu égard aux incidences des charges et des produits, une déduction logique nous fait voir que la rentabilité de l’institution serait aussi un déterminant de l’autosuffisance.

3.1.3. Productivité des travailleurs(25)

Le fait pour un agent de crédit de gérer un grand portefeuille de crédit permet sans nul doute de minimiser sensiblement les coûts et par ricochet faciliter l’atteinte de l’autosuffisance. La norme CGAP préconise qu’un agent de crédit gère un nombre des clients compris entre 250 et 500 clients. Ce niveau est toujours difficile à atteindre, surtout pour les institutions moins professionnelles comme celles de la RDC. Si pour les institutions qui financent les PME cette norme peut être revue à la baisse, il est cependant contraire avec les ISFD ciblant les personnes à très faible revenu.

Cette productivité peut également être mesurée par le montant net de l’encours de crédit par agent de crédit.

3.1.4. Qualité du portefeuille

Une mauvaise qualité du portefeuille de crédit a comme effets : des coûts supplémentaires liés à la gestion de la délinquance, l’accroissement du risque de non remboursement et des revenus plus faibles (SEEP, 2005) et par conséquent des achoppements sur la viabilité financière (KABLAN S, 2012).

La moyenne du PAR30 des IMF congolaises, en 2011, a été 42 % (BCC 2011), très largement au-dessus du seuil qui est de 5%.

A côté du portefeuille à risque, on a les créances irrécouvrables qui donnent une idée sur les pertes issues du portefeuille de crédit par contrecoup la réduction des produits du portefeuille. La norme CGAP exige que ce ratio soit inférieur à 3%.

La plupart des éléments repris dans les paragraphes ci-haut sont censés figurés dans la composition du taux effectif global tel que préconisé par le CGAP (1997). C’est dans cette logique que certains auteurs (Littlefield et Rosenberg 2004 cité par MATY SENE ; AYAYI, 2007) estiment que les ISFD peuvent couvrir l’intégralité de leurs charges, si elles offrent leurs services avec des marges d’intérêts adéquates. Selon ces derniers, le taux d’intérêt adéquat constitue l’élément fondamental dans l’atteinte de l’autosuffisance opérationnelle.

3.1.5. Les subventions et les ressources bonifiées

Les subventions et les ressources bonifiées sont des financements ne nécessitant pas d’intérêt en contrepartie ou encore sont faiblement rémunérées. A ce stade, il n’existe pas encore des dommages sur l’atteinte de l’autosuffisance. Le bât blesse au niveau des coûts sociaux(26). Les institutions bénéficiaires sont souvent contraintes à adapter leurs politiques de crédit, des taux d’intérêt, montant plancher, montant plafond… aux décisions des donateurs de fonds. Pourtant ces décisions ne sont pas souvent orientées dans la logique commerciale. Parfois, les subventions incitent les institutions à des comportements laxistes (KABLAN S, 2012). In fine, les institutions bénéficiaires demeurent dans une situation de dépendance financière et n’arrivent pas à être autosuffisantes.

De plus, les clients bénéficiaires des crédits à des taux bonifiés perçoivent parfois cela comme des dons déguisés. Il se suit donc un niveau élevé de défaut stratégique. Espérant avoir toujours les subsides, les ISFD ne prennent pas souvent des décisions palliatives. Or en réalité, les subventions n’ont qu’un caractère passager, ainsi la pérennité d’une institution ne peut en dépendre de manière exclusive.

Toutefois, actuellement, certains de bailleurs de fonds exigent à leurs partenaires ISFD un effet de levier financier important avant la fin de leur intervention et adoptent la politique de la dégressivité de leur apport au fonctionnement de l’ISFD.

3.1.6. Autres déterminants

Dans un premier temps, la technologie de l’institution en termes de produits offerts, la qualité du système d’information de l’institution, le niveau de compétence de son personnel, les politiques de motivation des travailleurs peuvent avoir des effets, de façon indirecte, sur l’atteinte de l’autosuffisance opérationnelle (Maty Sene 2009, Kablan S., 2012,). Cela dans la mesure où ils permettront à l’institution d’être plus efficace et efficiente et par ricochet contrôler ses coûts opérationnels.

Dans un second temps, l’adaptation du produit aux besoins des clients et la satisfaction des clients permettront à ceux-ci de bien utiliser le crédit reçu, par ricochet de rembourser facilement et in fine accroitre les recettes de l’institution.

A côté de ces éléments, on peut adjoindre la dimension temporelle. En effet, beaucoup d’auteurs affirment que l’ancienneté de l’institution est très substantielle dans l’atteinte de l’autosuffisance. Ils estiment qu’une institution ne peut être viable financièrement qu’au-delà de cinq ans d’existence (ACDI 2002, Debrey op cit ; ADAIR P et BERGUIGA i 2010).

A cette liste, KABLAN S. (2012) intègre les variables telles que : le statut juridique, la taille de l’institution, la proportion des actifs non productifs et la méthodologie du crédit (individuel ou de groupe).

18 Montant de tous les intérêts, frais et commissions dus au titre de l’endettement, dont les comptes de dépôt clients détenus par une IMF, les emprunts commerciaux et à taux bonifié, les emprunts hypothécaires immobiliers et autres dettes. Peut comprendre également les commissions de confirmation ou d’engagement payées sur des lignes de crédit. Comprend les intérêts courus aussi bien que les intérêts échus.
19 Ce compte enregistre la valeur cumulée de toutes les dotations aux provisions pour créances douteuses diminuée de la valeur cumulée des prêts ayant fait l’objet d’un abandon de créance.
20 Charges administratives, les dépenses d’amortissement, de loyer, d’eau, gaz et électricité, les dépenses publicitaires, de transport, de communication et de conseil. Ce poste ne comprend pas les charges sociales, les impôts sur le revenu ou les bénéfices, mais peut inclure les taxes sur les transactions et les achats, telles que les taxes sur la valeur ajoutée.
21 Comprennent la rémunération du personnel (salaires, primes et avantages sociaux), ainsi que les charges sociales dues par une IMF. Il comprend aussi En revanche, les frais de formation continue ou spécialisée pour le personnel existant font partie des charges administratives.
22 il s’agit de produits sous forme d’intérêts, de frais et commissions (dont frais et pénalités de retard) perçus sur l’encours de prêts brut, les intérêts reçus en trésorerie mais aussi le montant des intérêts courus et non encore payés.
23 On y inclut les comptes de dépôt de l’IMF rémunérés, achats de certificats de dépôt ou de bons du Trésor. Comprend non seulement les intérêts reçus en trésorerie mais aussi le montant des intérêts courus et non encore payés.)
24 Les frais d’inscription, les frais sur cartes bancaires, les frais de virement ou autres services financiers tels que les services de gestion des paiements ou d’assurance. Le frais de change).
25 Des agents de crédits essentiellement
26 Situation de dépendance continue à l’égard des donateurs de fonds.

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