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2)c. Stéréotypes féminins : la femme fatale, la princesse, la sorcière…

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Dans les œuvres du cinéma d’animation auxquelles nous, Occidentaux, sommes le plus habitués, c’est-à-dire les productions Disney, le géant du dessin animé, la femme revêt plusieurs déguisements. Nous employons le terme « déguisement » car il s’agit souvent d’images idéalisées, des personnages que nous pouvons appeler conventionnels, car issus pour la plupart de la littérature classique. La princesse s’oppose ainsi à la sorcière. En réalité, nous constatons qu’une longue tradition Disney décline ces deux stéréotypes sous toutes leurs formes : la princesse prend tour à tour l’aspect de l’adolescente naïve, de la petite fille en danger, la jeune femme cherchant son prince Charmant, l’âme pure trouvant l’Amour. Nous pensons aux personnages de Blanche-Neige, de La Belle, d’Ariel, Pocahontas, etc. Le même genre d’histoire se décline dans divers décors, représentant des jeunes filles à l’âme pure, romantique, auxquelles les petites filles spectatrices s’identifieront. Le personnage de l’innocente Blanche-Neige victime de la sorcière n’a en fait pas beaucoup évolué.

Cette opposition entre « gentilles » et « méchantes » n’est en réalité pas si différente dans le film d’animation nippon. Certes, les personnages revêtent des costumes différents, mais l’opposition entre la jeune fille innocente et la « sorcière » se retrouve jusque dans les mangas. S’il est vrai que la plupart des animés ont des caractéristiques très différentes du dessin animé Disney, on peut retrouver des stéréotypes similaires.

On peut séparer, de façon générale, comme nous l’avons vu précédemment, les dessins animés nippons en deux catégories : comme on trouve des mangas adressés à des publics féminins, on retrouve des animés destinés essentiellement à ce même type de public ; de l’autre côté, nous trouvons donc des animés destinés à un public masculin. Les genres, et même les graphismes, sont alors complètement différents.

Ainsi, nous constatons que les animés pour filles ont toutes les caractéristiques des dessins animés de princesse : jeunes filles innocentes à la recherche de l’amour, histoires à l’eau de rose ; même le graphisme prend des caractéristiques « douces », aux couleurs pastel, rose, blanc, bleu, donnant alors un ensemble très mièvre. L’animé Candy Candy en est un bel exemple : la jeune héroïne aux grands yeux larmoyants, toute de rose vêtue, attend l’Amour.

Caractéristique non moins significative, l’histoire se déroule à la fin du dix-neuvième siècle. Comme nous l’avons vu, les animés pour filles se situent souvent dans le passé. Candy représente particulièrement ces héroïnes romantiques, à la recherche du Prince Charmant : en effet, il n’est pas anodin qu’elle surnomme l’homme de ses rêves « le prince des collines ».

Face à ces animés romantiques, se trouvent donc les animés pour garçons et jeunes hommes : beaucoup plus violents, voire hyper-violents, situés dans des mondes futuristes, les personnages féminins qu’on y trouve sont sensiblement différents.

On y trouve souvent des femmes effacées, faire-valoir des hommes, proches de l’image véhiculée dans les shojo manga pour jeunes filles. Celles-ci tombent alors dans le stéréotype de la « demoiselle en détresse » sauvée par les hommes, seuls maîtres de la série animée .(131)

Mais face à ces stéréotypes féminins effacés, soumis à l’homme, se dressent aussi des femmes véhiculant une image totalement opposée, que l’on retrouve dans les shonen manga, pour le lecteur et spectateur masculin. En effet, ces femmes y sont « hyper-sexy », sûres d’elles, indépendantes : une image radicalement opposée à celui de Candy et autres Princesse Sissi. Ce sont des « bad girls », dont les fans japonais sont si friands. Les « bad girls » sont sexy, violentes, ne recherchent pas l’amour, mais le pouvoir. Elles ont ainsi des caractéristiques considérées comme purement masculines au Japon.

Nous pouvons penser que ces « bad girls », loin du modèle positif de la jeune fille du shojo manga, reprennent en réalité le rôle des « sorcières » de Disney; seulement, elles sont les héroïnes de leur propre film. On peut les voir dans les séries Le recueil des faits improbables de Ryoko Yakushiji, l’histoire d’une policière de New-York, forte, indépendante, sexuellement libérée ; ou encore Michiko et Hatchin, où l’héroïne est également un personnage fort, violent, loin du rôle traditionnel de la femme.(132)

Nous retrouvons donc deux types de stéréotypes : la jeune fille, typique du shojo manga, rêvant d’amour, la demoiselle en détresse, que l’on trouve aussi dans les shonen manga ; puis, la femme sexy, la bad girl de certains shonen manga. Notons aussi que ces deux types de personnages sont sexualisés, et beaucoup représentés dans les animé érotiques, les hentai, très populaires au Japon.

Malgré ces diverses représentations, dans les shonen manga ou shojo manga, où la femme semble toujours enfermée dans le stéréotype de la princesse, la demoiselle en détresse, ou la femme sexy, il est intéressant de constater que leurs rôles tendent, ces dernières années, à se rejoindre. En effet, les deux genres d’animés pour hommes et pour femmes, tendent à se réunir et montrer une image de la femme plus indépendante, plus forte, bien que des différences subsistent.(133)

Nous allons à présent nous intéresser au cas du réalisateur Miyazaki, qui dans ses films d’animation, nous donne une image bien particulière de la femme. Nous pouvons ainsi analyser le parcours de ce réalisateur.

131 Boden Sean, Women and Anime : popular culture and its reflection on japanese society, nov 2001, page consultée le 18/02/11
132 Friedman Erica, Anime with strong, adult female leads, oct 2008, page consultée le 22/02/11,
133 ibid

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