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2) Développement territorial et identité régionale

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L’esprit du Festival en parallèle de proposer un moment culturel et festif à un public, est également de dynamiser un territoire. Et malgré qu’il soit devenu un véritable mammouth dans la savane des Festivals, les Vieilles Charrues conservent cette vocation originelle. En effet, si nous faisons un retour aux racines du Festival, Carhaix et ses 8 000 habitants, au début des années 1990, s’assoupissaient dangereusement, dans un Centre Bretagne – le Kreiz Breizh – vieillissant. « La région était minée par l’exode rural, la désuétude des infrastructures », explique Loïck Royant, nommé en 2009 directeur des Vieilles Charrues après six années de bénévolat. Tel qu’il l’évoque, comme tous les acteurs impliqués d’ailleurs, plus qu’un festival, les Vieilles Charrues est un projet de vie, l’envie de prendre son destin en main, de faire bouger les choses et de s’opposer au désert qui menaçait la région. Ainsi, au regard du Festival des Eurockéennes, un évènement culturel représente un moyen d’atteindre les mêmes objectifs, possédant la même vocation originelle que celle de redynamiser économiquement son territoire. Cette organisation bretonne a su trouver une force humaine au sein de la faiblesse économique du territoire, et qui explique entre autres son succès : l’identité culturelle de la région.

En effet, certains territoires et certaines régions portent une forte identité culturelle. En Bretagne par exemple, la relation identité-culture-économie engendre une dynamique qui entraîne des retombées dans le domaine économique et social. L’identité culturelle de la région contribue ainsi à la promotion de sa vie économique (CESR de Bretagne, 2000). On peut à ce propos défendre que la culture bretonne participe à la création d’une « atmosphère bretonne », en référence à l’ « atmosphère industrielle » soulignée par Marshall (1890), qui traduirait l’existence d’un imaginaire collectif breton, le sentiment et la fierté d’appartenance à une communauté, le sentiment de solidarité ou encore un « esprit d’entreprendre » décrits dans de nombreux travaux sur la Bretagne.

La langue bretonne et les actions culturelles jouent dans la dynamique de cette « atmosphère bretonne » comme facteur de singularisation et tendent à créer un lien social puissant. Ainsi, l’atmosphère bretonne serait, comme dans la perspective marshallienne, un élément primordial du développement local et de la dynamique économique en Bretagne. Dans cette perspective, la situation géographique et la forte identité de la Bretagne permettent l’émergence d’une économie culturelle originale fondée notamment sur des filières culturelles. En effet, de nombreuses tendances et réalisations illustrent cette dynamique de développement de filières culturelles en Bretagne et le Festival des Vieilles Charrues, tout comme de nombreux autres Festivals de Bretagne s’appuie sur la créativité bretonne et illustre la contribution croissante des manifestations culturelles au développement local et régional. Les nombreux drapeaux « Gwenn Ha Du » – drapeau de la Bretagne – flottant au-dessus des foules des différents Festivals français – mais aussi le long des routes de France durant le Tour de France et des différents évènements quels qu’ils soient et où qu’ils soient, illustrent bien ce sentiment de fierté et d’appartenance culturelles régionales.

Depuis plus de 17 ans, l’esprit initial carhaisien est toujours présent avec toujours le même slogan – ou cri de guerre – : « Vivre, décider et travailler au pays ». Cette identité culturelleforte, créant une solidarité productive autour d’un même projet se traduit par une implication de tous les acteurs locaux, quels qu’ils soient. De même, pour anecdote, l’association qui gère le festival affirme son engagement dans la promotion de la culture locale par la présence d’un chapiteau qui accueille les musiques bretonnes, tout comme le nom donné à chaque scène en attestent : Xavier Grall, Jack Kerouac, et enfin Glenmor – de son vrai nom Émile Le Scanff.

Enfin, certains territoires possèdent une culture plus festive, autant dire « festivalière » que d’autres, ce qui peut également expliquer le succès de ce Festival : ce n’est pas un hasard si près de 240 Festivals sont organisés en Bretagne l’été, qui en fait la région de France la plus riche, nourrie par des événements comme les Transmusicales de Rennes, la Route du Rock à Saint Malo, Art Rock à Saint Brieuc, le Festival Interceltique de Lorient ou le Festival de Cornouaille à Quimper.

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