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1ERE PARTIE LA CREATION DE L’ASSOCIATION

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MOUVEMENT CORPS ET DANSE

L’ORIGINE DU PROJET

Avant la création de l’association Mouvement Corps et Danse, je me souviens avoir eu le sentiment d’être au bout d’un cycle. Je peux faire ce constat aujourd’hui en rapprochant les limites du système associatif aux limites du salarié dans le système associatif.

A l’époque, je travaillais comme professeur de danse diplômée d’Etat, salariée au sein de clubs et associations loi 1901. Après avoir exploité quelques années le système, je me suis sentie étouffée par manque de moyens humains, professionnels et matériels, dans ma créativité et dans mes désirs. Les difficultés que je rencontrais à ce moment là se situaient sur plusieurs plans.

Le rapport professeur de danse et dirigeant :

Tout d’abord, le rapport souvent non professionnel que j’ai rencontré tout au long de ma carrière entre les bénévoles (en particulier le dirigeant) et l’enseignant d’une technique particulière. Que ce soit la danse ou tous autres activités artistiques, elle implique de la part de l’enseignant, une connaissance technique bien sûr, mais aussi une partie créative qui ne souffre pas de restrictions tant qu’elle ne porte pas atteinte à la sécurité des adhérents bien entendu.

Il est quelquefois difficile d’être « dirigé » par des personnes qui n’ont pas forcément l’expérience, la technique et le sens artistique nécessaires à l’objectivité du discours qu’ils leur arrivent de tenir. J’ai pu observer depuis 28 ans, nombre d’années qui font mon expérience professionnelle dans le milieu associatif, les motivations assez similaires que l’on peut retrouver chez les bénévoles occupants un poste dans les milieux du sport, de la culture ou du loisir :

– Ils pratiquent une ou plusieurs activités au sein de l’association où ils sont influencés par le fait qu’un ou plusieurs de leurs enfants font des activités dans cette association.
– Ils ont du temps à donner et besoin de se sentir utile.
– Les personnes font don de leur temps pour rendre service
– Ils ont pour la plupart le besoin de faire partie d’une équipe, de partager avec d’autres personnes autour d’une activité qui les motive.

Une personne bénévole reste à ce niveau maitre du temps et de l’investissement qu’elle veut donner à l’association. Il n’est pas toujours facile pour un salarié de faire la part des choses. J’ai aussi trouvé d’autres cas de figure au sein des bénévoles que j’ai pu rencontrer. Nous le savons, dans tous les systèmes, il existe des dérives et certaines personnes peuvent à ce titre contourner le sens même de la fonction de bénévole à des fins d’évolution personnelle ou par désir de contrôle. J’ai rencontré des personnes qui avaient un besoin de contrôle sur tout et ne supportaient pas la moindre initiative de la part des autres bénévoles ou salariés. Ils peuvent ne pas supporter l’isolement que peut engendrer un poste de « responsable » vis-à-vis des autres
personnes (salariés, bénévoles ou adhérents).

Pour parler plus spécifiquement du milieu dans lequel j’ai évolué : Celui de la danse. C’est un milieu qui a tendance à exacerber les égos… Les personnalités tranchées des danseurs, chorégraphes et enseignants dans ce domaine et ce besoin de liberté lié à une fonction créatrice du métier, ne facilite pas toujours la cohabitation avec les bénévoles dirigeants qui ont, eux aussi, leur vision de la façon de faire fonctionner une association et ont légitimement leur mot à dire sur les activités et les manières de les encadrer au sein même de leur structure. Le rapport professeur de danse et dirigeant d’association est donc quelquefois voué à des conflits, à moins que chacun trouve les éléments qui feront son équilibre :

– Une forme de liberté pour le professeur et les moyens d’exister à travers ses cours et ses créations
– Une collaboration, une reconnaissance et une ouverture d’esprits provenant du professeur vers le dirigeant

En ce qui me concerne, les conflits qui s’étaient développés dans le cadre de la dernière association pour laquelle j’ai travaillé en tant que salariée, devenaient trop présents et me limitaient dans ma créativité. J’aurai peu choisir de partir enseigner dans des structures plus professionnelles, sur Paris ou un grand nombre de chorégraphes peuvent s’exprimer librement mais j’ai en moi un besoin profond de construire. J’ai choisi de suivre un chemin plus particulier qui m’amènera là ou je suis aujourd’hui. Créer une entreprise ou une association était devenu mon nouveau projet de vie professionnelle.

Le constat matériel :

Le travail demandé au salarié est important dans une association et quelquefois très éloigné de ses qualifications. Si l’on veut se réaliser, et mettre en place des projets, il est souvent nécessaire de faire preuve d’adaptabilité. Le manque de moyens financiers et humains peut impliquer que le salarié soit plus ou moins obligé de mettre en place un système de bénévolat à la fois en parallèle et en relation avec son métier.

Par exemple : Un professeur de Danse Jazz qui dans la grande majorité des cas devra présenter à la fin de l’année scolaire un spectacle sera d’une part Chorégraphe (travail important de recherche que ce soit sur le thème, la gestuelle ou la musique).

C’est un rôle qu’il endossera dans la majeure partie des cas, sans apport supplémentaire à son salaire. D’autre part, il devra se débrouiller s’il s’investit dans cette aventure pour trouver voire « dessiner et fabriquer » les costumes qui seront adaptés à sa chorégraphie. Même s’il est très souvent aidé par des bénévoles, c’est une charge considérable quasiment toujours bénévole. C’est donc par ce travail que je me suis retrouvée non seulement chorégraphe et professeur de danse, mais aussi, animatrice, costumière, couturière, négociatrice, organisatrice…

Ce fut une très bonne école, mais être à la fois professionnelle et bénévole pour la même fonction, cela a fini par m’interroger sur la valeur intrinsèque que j’aurai aimé voir reconnue en tant que professionnel. Il y a une dimension de reconnaissance dans le professionnalisme qui n’apparait pas du tout dans le domaine du bénévolat. Etant bénévole aujourd’hui dans des domaines pour lesquels j’ai choisi de l’être (parent d’élèves, conseillé participatif), je prends toute la mesure de l’intérêt désintéressé qu’il faut avoir pour ses actions. Cela ne retire pas le besoin de voir ses actions reconnues dans le sens « utile », mais c’est un peu différent de ce qui est recherché par un professionnel dans le domaine de l’enseignement et de la création. Etre militante pour la cause et non pour la gratification… La gloire n’appartient pas aux bénévoles. Je crois que cette pensée appartient à un cheminement long et peut faire de la personne qui en a conscience un bénévole épanouis et épanouissant pour son association.

LE BESOIN DE BATIR MON ESPACE

J’ai ressenti un fort besoin de bâtir mon espace. Je voulais mettre en place et faire vivre un lieu où je pourrais faire se rencontrer toutes les valeurs qui sont les miennes avec un domaine qui m’est cher : La danse. Ce besoin est lié directement à mon parcours de danseuse :

Mon parcours

Issue d’une famille de sportifs, c’est assez naturellement que je me suis dirigée vers des pratiques de type : Athlétisme, Natation, Hand Ball, et Gymnastique. A partir de l’âge de 8 ans, j’ai intégré l’école des sports de Chelles, et participé à des compétitions. Je faisais déjà de la danse depuis deux ans, cette activité m’ayant été conseillée par le docteur afin de régler un problème de « jambes en X ». Cette discipline n’avait pour moi que très peu d’intérêt, si j’en crois ma mère qui a dû user de subterfuges pour m’inciter à enfiler le fameux tutu rose et les chaussons assortis !

De cette expérience j’ai gardé en moi l’idée que l’enfant trouve sa motivation probablement plus dans le regard de ses parents ou de personnes importantes à ses yeux que dans l’activité elle-même. Au moins au début.

Par contre, j’allais à la gymnastique avec beaucoup plus d’envie. Le problème si tant est que cela en soit un… c’est que j’aimais le sport, mais pas la compétition. Cette caractéristique liée, me semble-t-il avec du recul, à un manque de confiance, m’a desservi dans les activités que je pratiquais. On voulait me mener vers des objectifs qui ne m’apportaient que stress et angoisses. Un peu plus tard, vers l’âge de 11 ou 12 ans, la danse a pris une place plus importante, parce que je commençais à maitriser un peu la technique, et que je me suis sentie bien accueillie. J’avais probablement la chance d’avoir de bonnes possibilités, et j’ai rapidement senti dans le regard de mon professeur et de ma mère que j’étais un bon élément. La confiance en moi qui en a résulté, je pense, a décuplé mon plaisir pour la danse (classique, de caractère et jazz).

Les choses ont évolué avec le temps. J’avais suffisamment de confiance en ma technique pour m’exprimer avec mon corps. A travers cet art, j’arrivais à dire ce qui était mon fondement et ce que l’on peut avoir du mal à exprimer quelquefois. La danse est devenue mon échappatoire, mon mode d’expression.

Mon parcours scolaire dans un premier temps presque parfait a pris une tournure chaotique à partir de l’adolescence, et c’est dans la danse que j’ai trouvé les ressources pour ne pas sortir complètement du système ! Le choix de me diriger vers un métier lié à cette passion a semblé à mes parents et à moi une évidence. Ayant baigné dans les valeurs sportives et associatives, je me suis retrouvée un peu déboussolée lorsque j’ai intégré le milieu Parisien de la danse. Sans doute mal préparée, et peut-être un peu trop jeune, je n’ai pas retrouvé grand-chose de ce qui avait vraiment de l’importance pour moi lorsque je pratiquais au sein de mon association Chelloise ! Le milieu était superficiel et je n’arrivais pas à créer de vraies relations avec les personnes que je fréquentais. Je trouvais les gens méchants dans leur regard, dans leurs paroles. Tout était critiqué, décortiqué. Il me semble avoir gardé de ce milieu, une image de « rivalités ». Il y a tellement de monde pour si peu d’élus !

Durant quelques années ou malgré le fait que j’enseignais déjà la danse, je me suis cherchée à travers un parcours plus administratif (CAP Comptabilité, Traitement de Texte, sténo dactylo chez Pigier, et divers petits jobs). C’est par la suite, lorsque l’image de la « secrétaire » m’a quitté un peu, que j’ai cherché à me perfectionner dans le domaine de la danse et de la forme (BEES 1er degré). A cette période, le Diplôme d’Etat de Professeur de Danse n’avait pas encore été mis en place. Des évènements privés difficiles et la maturité m’ont, par la suite, donné envie de sortir un peu de mon « cocon » : C’est à ce moment là que j’ai rencontré Rick Odums.

A 22 ans, j’ai intégré l’école de Danse « Rick Odums ». J’ai retrouvé dans le regard de mon professeur principal une confiance en mes capacités et une forme d’admiration qui m’a permis de dépasser ce qui à la fois me faisait peur comme la nécessité d’affronter, de s’imposer, et ce qui me semblait si « superficiel » dans les relations aux autres. J’ai pris conscience de la difficulté de se faire une place dans un milieu qui ne laisse que peu d’espace à la sincérité. Il y a tant d’élus pour ce métier d’artiste, et si peu de place, comment pourrait-on faire autrement que de se battre ? Chacun veut sa place au soleil, et tous les coups sont permis ! Plus le temps passait, et plus j’allais de l’avant. Je dansais et je progressais. J’ai aimé être mise en avant parce que je ne doutais plus de mes capacités. Je dansais avec mes tripes et même si techniquement, il pouvait y avoir meilleur que moi, j’avais le principal : l’envie de tout donner et la faculté de me perdre dans la musique en oubliant tout ce qui m’entourait.

Malgré cette évolution, et la confiance que j’avais engrangée, je me suis vite rendu compte que cela ne serait pas suffisant. Cette confiance seule ne me ferait pas « percer » dans le milieu. D’autres éléments ne faisant pas partie de mes valeurs étaient nécessaires et pour moi, ça a été une réelle déception et un premier désamour de ce qui avait été un lien fondamental à moi-même. J’avais alors 25 ans. Je devais faire le deuil de ma carrière de « danseuse », oublier les rêves de scènes et de compagnie. Ca a été une période très difficile à vivre. Je l’ai probablement enfoui, refusant son invasion pour ne pas trop en souffrir. C’est une blessure dont il m’a été longtemps difficile de parler. Ensuite, je me suis tournée vers le sport. Je suis revenue à mes « premières amours » s’il on peut dire. J’ai pratiqué avec l’UCPA chaque vacance, et puis je me suis formée au fitness. J’ai commencé par travailler à l’UCPA en saison, puis à l’open de Vaires sur Marne. La danse est passée un moment au second plan. En tous cas, le temps de faire mon deuil d’une carrière dont je pense aujourd’hui qu’elle a été trop vite avortée.

Lorsque j’ai créé Mouvement Corps et Danse, il était absolument hors de question de développer une association où on aurait pu retrouver ce qui avait contribué à ce premier désamour… Je voulais pouvoir donner la possibilité à tous ceux qui le souhaitaient de s’exprimer avec leur corps, librement sans avoir peur du regard des autres. Je me suis toujours efforcée dans mon travail d’enseignante, de créer la confiance dans le cours. De mettre en avant ceux et celles qui avaient les capacités physiques, mais aussi de valoriser ceux pour qui cela paraissait plus difficile. Il y a chez tous des capacités à mettre en avant. Le physique et la technique sont évidement des éléments clefs, mais ils ne sont pas tout. J’ai vu des « techniciennes » hors pair dans mon domaine dont les manques au niveau du ressenti et des émotions rendaient leur production artistique réellement inintéressante. Je voulais « réparer » mon désamour, je crois, en développant une association qui allait être différente.

En effet, il n’est pas rare de trouver dans des associations de danse type loi 1901, des mentalités proches du milieu professionnel de la danse. Je ne voulais pas créer un lieu tel ces arènes aux valeurs estampillées à l’effigie de l’égo exacerbé. La danse n’est pas pour moi une discipline superficielle. Elle demande comme pour tous les sports, une rigueur, un dépassement de soi, une indulgence et un regard sur soi et les autres dénué de sentiments destructeurs. « Mouvement Corps et Danse » devait donc être associatif, non professionnel et empreint d’ouverture d’esprit et de respect des autres. C’est en tous cas avec cette « fougue » retrouvée, et ma jeunesse empreinte d’impulsivité que j’ai pensé l’origine de cette association.

LE CHOIX D’UNE ASSOCIATION

Lorsqu’il a fallu penser à la manière de développer un tel projet, le choix de créer une association type loi 1901 s’est imposé à moi pour deux raisons :

Les raisons pratiques

Ayant une multitude d’idées, et à la vue du projet que j’avais en tête, il ne m’a pas été difficile de choisir quel type de statut je voulais pour créer ce nouvel espace culturel. Mes parents ayant toujours été bénévoles au sein d’association, nous (mon frère et moi) toujours adhérents au sein de ce type de structure, j’avais déjà une certaine idée du sujet. Et puis, étant vraiment axée sur la danse et le développement culturel, cela ne me semblait pas très adapté à une structure commerciale. D’autre part, penser à créer une entreprise privée, à 25 ans, sans expérience de la gestion et sans apports financiers, cela m’a paru trop difficile. Je ne me sentais pas les épaules assez solides.

C’est donc finalement sans trop de surprise que je me suis décidée pour la création d’une association loi 1901.

Mon idéologie

Mon éducation, l’empreinte de mes parents très impliqués dans le bénévolat à travers des associations diverses et variées et mon expérience professionnelle dans le domaine de l’associatif ont modelé l’image que je me faisais de ce type de structure.

Cela permet aussi l’accessibilité des loisirs sportifs et culturels au plus grand nombre. C’est ce que je recherchais au départ plus pour la danse que le loisir sportif. Une association est porteuse de valeurs humanistes, elle est accessible à tous si on le veut bien, permet l’implication et le rapprochement des gens. C’est en tous cas l’image que j’avais de l’association loi 1901. A cette époque, j’étais très attachée au côté « familial » d’une association. Il y a un certain nombre de qualificatifs que je rapproche à ce type de statut :

– Le partage
– L’échange
– L’ouverture
– La réceptivité
– L’entraide…

Donc, étant à l’époque (1994) un peu trop idéaliste pour être « chef d’entreprise », je me suis tournée vers ce qui me semblait être le plus adapté à mon projet : le système associatif. J’avais en tête la création d’un lieu d’échange culturel et de loisirs sportifs, ouvert aux différentes cultures, accessible au plus grand nombre, désireux d’accueillir dans le respect, les multiples savoirs corporels dans des domaines assez spécifiques.

Tout dans la définition de mon désir de créer cet espace, me ramenait à un système où les gens devaient investir un peu d’eux par plaisir et idéologie.

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