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1.2.2 Une colonisation agraire en réforme

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L’accès au foncier pour les agriculteurs familiaux est un problème récurrent dans l’histoire du Brésil.

À la fin des colonats, en 1850, la « loi de la terre» libéralise les terres, qui restent aux mains de ceux qui peuvent les payer. Une concentration très importante de ces terres en découle. Cette concentration entraîne un métayage à très grande échelle et l’exploitation extrême des agriculteurs familiaux dont la plus grande partie ne sont pas propriétaires.

En 1964, la dictature, arrivée au pouvoir, promulgue le « statut de la terre » et annonce une réforme agraire. Celle-ci prévoit l’expropriation des grandes exploitations (fazendas,) improductives. Mais cette réforme est très peu suivie.

L’effort se porte plutôt sur la colonisation de l’Amazonie qui doit permettre d’attribuer des terres aux paysans « sans terre », sans en changer la structure foncière. Cette opération est coûteuse et peu populaire dans les rangs des « ruralistes » qui soutiennent la dictature. Elle ouvre l’occupation d’un espace très sensible aux yeux de la communauté internationale. Cette politique, mise en place à partir de 1970 par l’INCRA, sera symbolisée par les slogans: « Des terres sans hommes pour des hommes sans terre » et « integrar para não entregar », soit: « Intégrer (l’Amazonie) pour ne pas (la) céder (à la communauté internationale) ». Ainsi, des millions de personnes sont déplacées du Nordeste, en particulier de l’État Maranhão, pour exploiter les terres voisines, mises à disposition par L’INCRA (assentamentos). Cependant, les services et infrastructures qui doivent accompagner la colonisation comme les routes, l’électricité, l’appui-conseil,… ne sont pas assurés, ce qui se traduit par la non-viabilité de la plupart des « assentamentos ». De nombreux agriculteurs se retrouvent dans un état d’isolement et de précarité tel qu’ils vendent rapidement et sous la pression leurs terres à de grands éleveurs.

Ce n’est qu’en 1996, devant les revendications des mouvements sociaux et la multiplication des campements installés aux bords des fazendas dans l’est du pays (souvent appuyés par le MST – Mouvement des Sans Terre), qu’une véritable réforme agraire est mise en place. Pourtant, la réalisation des objectifs annoncés par le président Fernando Henrique Cardoso (1995-2003) du nombre de familles installées, ne sera véritablement effective qu’en Amazonie (plus de 50% des familles bénéficiaires de la réforme agraire sont en Amazonie (Pasquis et al., 2005), et selon le même processus que par le passé ce qui ne répond pas au besoin pressant d’une réforme agraire du sud du pays.

Ce n’est qu’à partir de 2003, avec le gouvernement Lula, que davantage de moyens sont affectés à la réforme agraire et à l’agriculture familiale en général.

Un programme de restauration des assentamentos existants est lancé et de nouveaux types d’assentamentos sont créés, plus adaptés aux différentes conditions socio-économiques des milieux rencontrés. De nombreuses expropriations de grandes propriétés (pour lesquelles les propriétaires reçoivent de généreuses indemnités) et divisions de terres sont réalisées dans l’Est et le Sud du pays. Elles répondent aux revendications des mouvements sociaux comme le MST.

En Amazonie, l’un des grands enjeux est la régularisation foncière. En effet, la plupart des agriculteurs familiaux et des populations traditionnelles restent sans titres de propriété, s’exposant à l’accaparement de leurs terres par les grands propriétaires. Cette évolution débouche sur l’exode rural massif et la progression rapide du front de colonisation. Pour contrer cette tendance, le gouvernement Lula met en place de nombreux assentamentos qui permettent la régularisation des populations déjà présentes. L’implantation des services de l’État, via l’INCRA, et la mise à disposition de fonds pour le développement des exploitations s’accélèrent. Une lutte, encore peu vigoureuse, est menée contre le « grilagem »(2) (qui définit par extension l’appropriation illégale des terres par les fazendeiros) par la mise à jour du cadastre et le contrôle des grandes propriétés par télédétection (Pasquis et al. 2005).

2 Le « grilagem » est une technique qui consiste à bruler légèrement des titres de propriété pour les vieillir et faire croire à leur authenticité

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