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1) Le Produit

Non classé

Au sein du « P » Produit, nous pouvons distinguer l’offre principale, de l’offre périphérique.

L’offre principale représente les créations ou artefacts artistiques et culturels, y compris leur sélection, programmation, expositions, spectacles, concerts… Entre alors en jeu l’identité artistique par le choix et les spécificités du genre musical, du genre culturel, du choix de Têtes d’affiches, de jeunes groupes, de groupes méconnus, de groupes atypiques, de groupes de générations passées.

a) L’offre principale : l’expérience et le service

I. La programmation

La programmation des Vielles Charrues se veut être, comme à l’origine une programmation éclectique, transgénérationnelle même si le public comme nous l’avons évoqué précédemment est plutôt jeune (18-35 ans). En effet, parfois accusés de céder au consensus mou, les choix artistiques des Vieilles Charrues parient sur les rencontres des générations. Sur l’immense prairie du site de Kerampuilh, le punk et sa maman, le rasta et son papa et des centaines de bandes de potes équipés pour trois ou quatre jours de fête. Chacun y trouve son compte, c’est le secret de la programmation qui n’hésite pas à offrir en un même bouquet : Charles Trenet et Iggy Pop, Ben Harper et Denez Prigent, Henri Salvador et Noir Désir ou Alain Souchon et Vitalic en cette année 2010. Ainsi, des tribus au look chamarré et des retraités paisibles cohabitent avec le même sourire devant des groupes qui a priori ne sensibilisent les mêmes classes d’âges : chacun est venu pour voir des groupes qu’il affectionne et la programmation mélangeant le même jour des genres différents permet à des catégories de publics de prendre du plaisir devant un groupe qu’ils n’étaient à la base pas venus voir. Ont ainsi été accueillis au fil des années, au milieu d’une marée humaine hérissée, des artistes de Bretagne (Miossec, Denez Prigent, Les frères Morvan, Yann Tiersen, Alan Stivell, Matmatah…), des stars de la variété française (Johnny Hallyday, Charles Aznavour, Francis Cabrel, Claude Nougaro, Charles Trenet, Renaud, Julien Clerc, Noir Désir, Manu Chao, -M-…) et enfin des chanteurs internationaux (Bruce Springsteen, Ben Harper, ZZ Top, Muse, Joan Baez, R.E.M., Franz Ferdinand, James Brown, Iggy & The Stooges, Lenny Kravitz, Pixies, The Cure, Moby, Peter Gabriel…). Le mélange des genres musicaux, des idoles dans ce coin perdu de Bretagne créent cette atmosphère si particulière aux Vieilles Charrues rappelant l’atmosphère de Woodstock, 40 ans après, avec « 4 jours de paix et de musique ». Enfin, nous pouvons évoquer que des surprises et originalités arrivent dans la programmation comme la présence sur l’affiche de l’édition 2008, de l’humoriste Gad Elmaleh, qui enthousiasma la foula près de 2H.

II. Têtes d’affiches

Les Têtes d’affiches constituent, pour leur part, des valeurs sûres et aussi une manière de se distinguer des autres Festivals. L’exemple le plus récent aux Vieilles Charrues a été, durant l’été 2009, la venue de l’américain Bruce Springsteen, le “Boss”, ayant la réputation de fuir les festivals en général. En effet, en décrochant ce chanteur, les Vieilles Charrues ont réussi un coup d’éclat et illustrant fort bien son statut de plus grand Festival français. Certes le festival a réalisé l’an passé, en 2009, financièrement une opération blanche, mais représente une belle campagne de communication, le prestige de ce concert ayant rayonné sur tout le week-end l’an passé car avec Springsteen, les Vieilles Charrues ont franchi un cap et a marqué les esprits.

Or n’est-ce pas entre autres cela que d’être un projet culturel détonnant : marquer les esprits ?

Néanmoins, cette politique de programmation n’est pas sans risque, et malgré la clause de confidentialité du contrat, on estime à près de 1 million d’euros le coût du spectacle. Un record pour l’événement breton (le précédent était détenu par le concert de Johnny Hallyday, en 2006, estimé à près de 500 000 euros) et dans l’histoire des Festivals français. Pour l’anecdote, le codirecteur artistique des Charrues a raconté que les négociations avec les américains du « Boss » ont duré trois mois car ils voulaient entre autres connaître le festival dans ses moindres détails. Un petit film sur l’histoire des Vieilles Charrues leur a donc été transmis et les forces originelles du Festival, l’engagement de tous les acteurs pour l’économie régionale et locale, l’engagement solidaire et responsable du Festival, tout comme l’âme du Festival a sensibilisé l’américain et lui a donné l’envie de répondre positivement à la proposition.

III. Le Tremplin des Jeunes Charrues

Depuis 1996, une autre originalité a été de mettre en place, en début de la programmation de chaque jour, durant l’après-midi, un concert de chacun des finalistes des « Jeunes Charrues ».

Véritable coup de pouce aux jeunes talents, les Jeunes Charrues en Concert, section de l’association gérant ce concours, partent sur les routes de Bretagne et de Basse Normandie à la recherche des jeunes pousses qui feront la scène musicale de demain. Ainsi, le meilleur de ces groupes, issus d’une série de 10 tremplins organisés dans le grand ouest, jouera l’année suivante dans la programmation officielle. Le territoire des Jeunes Charrues en concert est réparti en 10 pays qui organisent chacun en mars et avril des soirées-concerts gratuites avec 4 ou 5 groupes sélectionnés sur l’écoute de leurs démos. A l’issue de chaque soirée, un jury constitué de professionnels, journalistes et acteurs locaux, désigne l’artiste ou le groupe vainqueur. Suite à leur prestation pendant le Festival, un jury constitué de professionnels de la musique, d’artistes et de médias élit un vainqueur qui a l’honneur d’ouvrir le festival de l’année suivante sur la scène Kerouac. De plus, les 10 formations bénéficient d’un accompagnement artistique autour des techniques de la scène. Elles participent aussi à une formation théorique de quatre jours dispensée par des professionnels de la musique. Au-delà de leur offrir l’opportunité d’un concert et d’une visibilité sur le premier festival français, leur programmation aux Vieilles Charrues leur permet de rencontrer des artistes confirmés et d’échanger avec de nombreux professionnels.

b) Les offres périphériques

A côté de cette programmation qui représentent les bases du Festival – les Festivaliers venant avant toute chose pour la Musique – au sein de ce P « Produit », un certain nombre de valeurs chères aux organisateurs ou valeurs originelles sont mises en avant au travers d’actions diverses, qu’elles touchent à l’environnement, à l’accueil de personnes à mobilité réduite ou aux préventions à risques ou aux dispositifs de transports.

I. Les démarches environnementales

Le Festival des Vieilles Charrues s’investit depuis de nombreuses années dans une démarche de respect de l’environnement. Toute action, pour qu’elle soit adaptée et qu’elle conduise à un résultat optimal, doit être précédée et orientée par une analyse environnementale et technique de prestataires spécialisés. Une étude environnementale réalisée il y a quelques années a révélé que le flux généré par les festivaliers était très majoritairement constitué de gobelets, de couverts en plastique, d’emballages boisson, d’emballages plastiques et de plastiques. Les autres sources importantes de déchets sur le Festival sont les biodéchets et le cartonnage pour la logistique alimentaire et les emballages plastiques pour la partie technique du Festival. Pour faire face à cette production de déchets et un meilleur recyclage a posteriori, dès lors, sur les festivals, le tri des déchets est systématique tant sur le site des concerts que
dans les campings, les zones d’accès et les parkings : l’objectif étant ici de réduire le volume de déchets incinérés et d’augmenter la qualité du tri, avec la participation de tous les acteurs du festival. Ces Espaces Tri, placés à distances – sachant que l’idéal est que le festivalier ne doive pas faire plus de 10 mètres pour accéder à une poubelle – et placés à des lieux stratégiques, permettent de recueillir verre, papier/carton et plastique/acier/alu.

A la présence de ces conteneurs sélectifs s’ajoutent un accompagnement et un ramassage assuré par des agents du tri – bénévoles du Festival ou bénévoles d’une Association – que l’on appelle communément sur les Festivals les « brigades du tri ». Mais sur le Festival des Vieilles Charrues, seuls 25 % des déchets, parmi lesquels on retrouve les différents matériaux tels que les verres, les cartons, les gobelets, les ferrailles, les plastiques et l’aluminium, sont acheminées vers des centres de traitement par recyclage. Pour le ramassage des déchets puis le recyclage, les organisateurs font appel soit à des prestataires professionnels soit aux services techniques des collectivités territoriales. Il est à noter que le nettoyage du site après les concerts constitue une problématique à part entière au regard du passage des camions balayeurs qui génèrent à lui seul 30% des déchets, constitués essentiellement par l’herbe et la terre du site…

Néanmoins, les points positifs liés aux actions mises en place sont à préciser avec plus de 1 200 000 de gobelets récupérés dans tous les bars du Festival et dans les 6 Points Gobelets, la distribution des sacs poubelles (emballages légers et ordure ménagères), mis à disposition par la Communauté des Communes du Poher, auprès des campeurs par les équipes de nettoyage a permis d’inciter les festivaliers au tri des déchets et de diffuser les consignes de tri. En somme, le Festival breton a diminué ses déchets de l’ordre de 30% entre 2006 et 2008 et a réduit de 40% sa consommation d’énergie en quelques années. A préciser que ces résultats quantitatifs et qualitatifs se sont également améliorés grâce à la réflexion initiée sur les achats en amont du Festival. Toutes ces démarches ont un impact positif, même s’il faut avouer que les festivals resteront des événements polluants.

Il est à remarquer que les Vieilles Charrues, pour démontrer leur engagement environnemental et solidaire, a fondé et intégré en 2006, tous comme 6 autres Festivals bretons, avec la région Bretagne et l’Ademe dans la « Charte des Festivals bretons ». En effet, en juillet 2007, soucieux de leur impact social, écologique et économique, 6 grands organisateurs de Festivals bretons s’étaient rassemblés autour d’une Table ronde pour tester, à travers une phase d’expérimentation, un ensemble d’actions (tri sélectif, meilleure gestion de l’eau, économie d’énergie, accessibilité des sites aux personnes handicapées, menu équitable, lutte contre les discriminations…) et de mettre en place des processus d’évaluation des différents dispositifs.

Près de deux ans après avoir été mis en place, la Charte des festivals engagés pour le développement durable et solidaire en Bretagne vient d’être ratifiée par onze nouveaux festivals bretons, portant ainsi le nombre de festivals signataires à seize. Il s’agit là d’un des principaux dispositifs existant en France permettant aux entrepreneurs de spectacles, en collaboration avec les collectivités, d’agir directement dans leurs modes de production en faveur du développement durable. L’enjeu consiste dorénavant à pérenniser le dispositif tout en l’améliorant avec l’ensemble des partenaires.

II. La prévention des risques

Depuis 1998, en partenariat avec AIDES, le PIJ de Carhaix, les Amis de la Santé, DUREX et les Auditions Mutualistes, des lieux d’informations et des actions de sensibilisation sur la problématique du VIH, des hépatites, des IST, le dépistage, les traitements, les comportements toxiques, leurs risques. L’objectif est de sensibiliser un large public aux conduites addictives en y associant les acteurs du territoire. En 2008, sur le stand d’information, dans les campings et sur les différents lieux du festival, 40 bénévoles et salariés de AIDES, des bénévoles du PIJ ont rencontré 4000 personnes par la diffusion de messages de prévention et de réduction des risques liés au VIH/SIDA et aux infections sexuellement transmissibles (IST), la distribution de documentation (INPES, AIDES) sur les IST, le dépistage (un espace d’échanges et de tests de dépistage est tenu par l’association Les Amis de la Santé), les traitements, la mise à disposition de matériel de prévention : 30 000 préservatifs gratuits (partenariat DUREX), 3000 préservatifs féminins, 4000 gels et on distribué 2500 questionnaires, en tant qu’outils d’approche. Une autre innovation et idée lumineuse est Le Champignon Rouge. En effet, celui-ci représenté par… un gigantesque champignon rouge est un lieu d’accueil social, de prévention et également un bar à eau. Situé au carrefour des espaces, il a pourvu à la prévention des risques auditifs et la distribution gratuite de 34 000 paires de bouchons d’oreilles (la moitié des bouchons étant financée par les Auditions Mutualistes), la distribution gratuite de plus de 20 000 litres d’eau potable et l’information générale du festival, la messagerie et la récupération d’objets trouvés. De plus, la prévention des risques alcooliques est renforcée par plusieurs actions complémentaires : l’eau est distribuée gratuitement dans tous les bars du festival. Les campings gratuits se situent en face du site des concerts, ce qui facilite le logement des festivaliers sur place et réduit les risques d’incidents de la route.

III. L’accueil des personnes à mobilité réduite

Evènement ouvert et vecteur par essence de valeurs modèles : le Festival propose un accueil adapté aux personnes à mobilité réduite et à handicap sensoriel. En effet, une équipe compétente de 40 bénévoles est disposée à prendre en charge l’accueil, accompagne et répond aux attentes de ce public. De même, du côté des aménagements, un parc de stationnement réservé aux personnes à mobilité réduite est situé à moins de 300m de l’entrée du festival, un espace réservé sur le camping leur permet également de dormir sur place à proximité du site, un passage leur est réservé dans le système des entrées permettant un accès rapide au site. Pour faciliter leur plaisir culturel, une plateforme est spécifiquement réservée de 62m², surélevée et couverte, est mise à disposition et facilite la visibilité des concerts, elle permet d’accueillir 80 personnes. Les véhicules médicalisés ont la possibilité de se garer à proximité. De même, au niveau des équipements facilitant le bien-être et le suivi médical de ces publics, des réfrigérateurs sont prévus pour conserver les médicaments, des tentes permettent de s’isoler pour recevoir des soins ou se changer, des toilettes adaptées sont installés dans les lieux d’accès pour les personnes à mobilités réduites (4 unités sur le site des concerts, 2 unités près de la plate-forme, 1 unité au parking handicapés, 1 au camping festivalier). En 2008, un partenariat avec l’association ADDES, a permis aux personnes à mobilité réduite de pouvoir découvrir l’ensemble du site du Festival. La présence d’associations actives dans le milieu culturel et de la solidarité correspond à un souhait d’information sur ces initiatives et reflète dans le même temps un intérêt certain de la part des festivaliers, qui trouvent au sein du Festival des espaces d’échange.

IV. Les transports en commun

Des dispositifs de transports en commun à des tarifs attractifs pour la sécurité des voyageurs et la réduction des gaz à effet de serre. Plusieurs dispositifs de transports en commun sont proposés aux festivaliers, grâce à différents opérateurs. En 2008, en partenariat avec TER Bretagne et le Conseil Régional Bretagne, près de 5000 voyageurs ont accédé au Festival en train, grâce à : la tarification unique de 10 euros l’aller-retour au départ de toutes les gares de Bretagne, l’augmentation de la capacité de desserte de Carhaix par la mise en circulation de deux trains spéciaux Rennes – Carhaix aller-retour et de moyens supplémentaires pour assurer les correspondances à Guingamp et à Rosporden. En 2008, près de 4000 voyageurs ont utilisé les bus du Finistère au départ de 25 villes du Finistère au prix de 1.50 euros le trajet. Cette opération est réalisée grâce aux moyens du Conseil Général du Finistère et en partenariat avec le transporteur Effia. La fréquentation des bus est en nette augmentation par rapport à 2007, grâce à une communication qui s’est accentuée auprès des Finistériens. De plus, un site de covoiturage permet la mise en relation de festivaliers : www.123envoiture.com grâce à un lien depuis le site Internet du festival. S’il est difficile d’évaluer la pratique réelle, plus de 3% des festivaliers estiment venir au festival en covoiturage. Des navettes gratuites sont mises à la disposition des festivaliers entre les parkings et le site du festival.

Toutes ces actions, même si elles concernent les services périphériques représentent des actions essentielles et chères aux organisateurs afin de se positionner et de respecter certaines valeurs que tant de Festivals ne suivent pas.

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