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1- DELIMITATION DU SUJET SUR LE TRIPLE PLAN THEMATIQUE, SPATIAL ET TEMPOREL

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1-1. Cadre thématique

La pollution de l’air porte atteinte à la santé et à la qualité de vie des populations. Elle fait peser des coûts directs sur l’économie, à travers la demande accrue des services médicaux et la baisse de valeur du patrimoine naturel qu’est l’air pur. De ce fait, l’amélioration de la qualité de l’air est d’une importance capitale. Dans ce cadre, il est demandé aux pays en développement d’élaborer des mesures de prévention et de réduction efficaces à l’encontre des polluants dommageables (COM/ENV/TD : 2007).

L’analyse des poussières minérales s’est imposée au cours des dix dernières années, comme un des sujets majeurs des études environnementales (Ozer, Bodart et Tychon 2007). Les études menées par Nicholson (2001) et Ozer (2002) montrent que l’augmentation de l’érosion éolienne constatée depuis quelques décennies dans les régions arides et semi-arides d’Afrique, est liée aux pressions sur l’environnement, sujet à un changement climatique, se traduisant par un déficit pluviométrique et une injection dans l’atmosphère, de fortes quantités de lithométéores.

Cette concentration de poussières minérales a maintes conséquences adverses sur l’environnement et la santé. En effet, elles provoquent des infections respiratoires, des maladies cardio-vasculaires et d’autres troubles de santé (Bielders et al.2001). La brume sèche par exemple, est l’une des expressions du risque sanitaire dont l’analyse spatiale en géographie permet de dégager la position au sein du système pathogène.

Etant donc donné que l’état de santé d’un individu ou d’une société résulte d’un système multifactoriel complexe dont la mise en évidence concerne plusieurs disciplines, les recherches en matière de santé reconnaissent aujourd’hui l’influence du climat sur certaines pathologies, à l’instar de la méningite cérébro-spinale dont la présence dans les milieux sahéliens pose un réel problème épidémiologique. Les cas déclarés de méningite y semblent augmenter avec la fréquence élevée du phénomène climatique que représente la présence cyclique des lithométéores. D’où l’importance du thème « Brume sèche et méningite cérébro-spinale dans l’Extrême-Nord Cameroun ». En effet, s’intéresser à l’incidence du régime de brume sèche sur la méningite cérébro-spinale, c’est-à-dire l’impact réel des lithométéores sur les cas de méningite cérébro-spinale dans l’espace sahélien, présente un double intérêt. D’abord scientifique, car il s’agit d’une approche systémique axée sur la pluridisciplinarité, associant la géographie à l’épidémiologie, dans leur tentative commune de rechercher les différentes causes des pathologies, notamment de la méningite cérébro-spinale. D’ailleurs le professeur Khayat, cancérologue, lors du 11e festival de géographie de Saint-Dié-des-Vosges qui a eu pour thème « la géographie et la santé » (http://wwwmagazine-littéraire.com 2000), affirmait dans un entretien que :

« La plupart des grandes pathologies et des grandes épidémies ont un lien avec l’espace. Les maladies infectieuses ont un lien évident avec la géographie (…) la géographie de la santé est donc très importante pour comprendre les spécificités des maladies, elle peut en donner les clés et à terme, nous permettre de mieux lutter contre ces pathologies ».

En s’intéressant à l’évolution de la méningite cérébro-spinale dans un milieu par définition sec, comme c’est le cas du Sahel camerounais, le présent thème se place à l’intersection de plusieurs disciplines, les recoupant, les transcendant même. A travers la méningite, ce thème se situe au coeur de la géographie médicale et culturelle sans pour autant sortir de l’épidémiologie et de la santé publique. L’étude de l’influence de la brume sèche sur cette pathologie nous ramène en géographie physique (climatologie appliquée, géomorphologie dynamique) ou tout simplement en géographie.

Ensuite social. En effet aborder l’étude d’une maladie épidémique renvoie inévitablement à la population dont la communauté scientifique et le politique tous ensemble essaient de réduire l’impact. En effet une population saine est un gage irréfutable de développement, concept si cher aux pays africains à dont le Cameroun.

1-2. Cadre spatial

Notre étude se limite à l’espace sahélien camerounais (fig. 1), précisément entre le Mayo-Louti et le lac Tchad où s’étend la Région de l’Extrême-Nord. Celle-ci est limitée à l’ouest par le Nigeria et à l’est par le Tchad, au sud et au nord.

L'Extrême-nord Cameroun situation et districts de santé

Figure 1 : L’Extrême-nord Cameroun: situation et districts de santé

Le choix de ce site a été déterminé par la fréquence temporaire élevée du phénomène climatique que représente l’abondante présence des lithométéores d’une part ; et d’autre part, par le problème épidémiologique que pose la méningite cérébro-spinale, induisant dans cette portion du territoire national, une relative disponibilité des données et une facilité d’observation meilleure qu’ailleurs.

Les 34263 Km² de cette circonscription administrative forment un ensemble morphologique hétérogène qui s’échelonne d’ouest en est, de la chaîne montagneuse des Mandara à la plaine du Logone en passant par la plaine du Diamaré. Il s’incline légèrement du sud au nord.

Le climat y est globalement chaud (Marquis : 2007). En effet, les moyennes thermiques annuelles de 1990 à 2000 indiquent : 29,14°C à Kaélé ; 28,05°C à Maroua, 28,02°C à Mokolo, 27,9°C à Yagoua et 28,08°C à N’Djaména. Il est également sec, même si les totaux pluviométriques restent variables. Il tombe 1003 mm à Mokolo; 973 mm à Kaélé et 815 mm à Maroua, 1011 mm à Yagoua et 745 mm à N’Djaména. L’amplitude thermique annuelle y est forte avec 7,37°C à Kaélé, 7,35°C à Maroua 7,18°C à Mokolo, 6.1°C à Yagoua et 9°C à Djaména, mais surtout une brume sèche abondante de novembre à avril. Ce climat semble propice au développement de la méningite qui menace en permanence les populations.

La diversité ethnique de cette province marque l’espace. En effet, dans les Départements du Logone et Chari et du Mayo Danay vivent majoritairement les Massa, lesToupouri, les Kotoko et les Mousgoum. Les Départements du Diamaré et du Mayo Kani qui couvrent la pédiplaine du Diamaré abritent les Moundang, les Guiziga et les Peuhls. Enfin, les Monts Mandara qui regroupent le Mayo Sava et le Mayo Tsanaga sont habités par les Mafa et les Mandara (Atlas de la Province Extrême-Nord Cameroun : 2000).

Les infrastructures sanitaires sont assez bien spatialement réparties par rapport à certaines régions du pays avec 28 districts de santé, 2 hôpitaux de référence à Maroua et à Yagoua et des centres de santé intégrés publics et privés. Les insuffisances concernent beaucoup plus la disponibilité des médicaments et du personnel spécialisé dans les domaines comme la neurologie.

1-3. Cadre temporel

Cette étude porte sur une période de vingt années consécutives pour les données climatiques les données épidémiologiques concernant la méningite, de 1987 à 2007. Cette période est celle durant laquelle la maladie a connu des fluctuations marquées par des formes épidémiques et des années simples. L’observation et l’analyse des données climatiques et épidémiologiques peuvent permettre de dégager des tendances et donner une meilleure visibilité de la situation épidémiologique de l’Extrême-Nord Cameroun.

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